Antigone **
Par Maud Begon. Manolosanctis, 14,50 €, le 2 décembre 2010.
Une adolescente s’ennuie au bord d’une piscine, en lisant plus ou moins la pièce Antigone, version Anouilh. Cette saine lecture pourrait libérer en elle une énergie créatrice, un sentiment de rébellion contre les injustices du monde, et notamment celles faites envers les femmes. Mais non, elle préfère minauder et faire languir les garçons, et, pourquoi pas, emballer un type qui a l’âge de son père…
Parallèlement, dans une sorte de parenthèse rêvée, on suit son jeune frère, petit garçon s’ennuyant encore plus avec cette grande soeur qui a passé l’âge de jouer aux petits chevaux. Une pieuvre géante et une créature ressemblant vaguement à pas grand-chose dissertent de l’amour et ses conséquences, ainsi que de sexe, bien sûr.
La construction et le fond de la première bande dessinée de Maud Begon (vue dans les collectifs Manolosanctis) sont audacieux et sans doute un peu trop. En effet, la jeune femme conte une histoire à la Lolita, aborde la pédophilie et les pulsions sexuelles des mineurs. Par moments, elle touche juste, sa mise en scène alternant parfaitement la séduction et le malaise. À d’autres, elle déçoit, s’adonnant à un bavardage et à des blagues qui noient le poisson. Côté graphique, on est également partagé devant la découverte d’une jeune auteure au fort potentiel, mais qui demeure encore trop sous l’influence d’une certaine BD contemporaine (Bastien Vivès, en tête). Cet album est ainsi un one-shot intéressant et prometteur, mais pas suffisamment abouti, à l’image des récentes parutions de Manolosanctis (Carnaval, Desert Park ou Succube).
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