Arca
À bord de l’Arca, arche de Noé moderne, ce qu’il reste de l’humanité dérive dans l’espace à la recherche d’un El Dorado où se reconstruire loin d’une Terre dévastée. Dans de ce vaisseau-utopie, la réalité est moins glorieuse : une caste de nantis, les Citoyens, exploite la jeunesse. Les Pionniers comme on les appelle, sont au service forcé de leurs aînés jusqu’à leurs 18 ans. Effie, bientôt la majorité, se demande ce qu’il advient vraiment des siens, passé ce fameux anniversaire.
Brassant à la pelle les sources d’inspiration du Meilleur des mondes à THX 1138 en passant par L’Âge de Cristal, Arca s’empare crânement de thèmes parmi les plus rebattus de la SF. Sur un canevas archi-balisé, le scénariste Van Jensen soigne la progression narrative et donne à voir avec justesse l’éveil à la révolte de son héroïne et de ses amis. Cette fable antitotalitaire hérite d’une vraie personnalité justement car elle sait d’où elle vient.
En matière de résistance à l’oppression, nous dit Van Jensen, beaucoup a déjà été dit et même parfois, remarquablement bien. Il convient précisément de cultiver la transmission de ce salutaire savoir. C’est par la lecture en secret des classiques de la littérature, geste hautement subversif sur l’Arca, qu’Effie et, avec elle, la jeunesse, acquerra les armes intellectuelles pour s’émanciper et même rattraper les erreurs commises par les générations précédentes. Morale séduisante que le trait élégant de Jesse Lonergan achève de rendre accessible au plus grand nombre. La couverture, relecture habile d’une case clé de l’ouvrage, est un modèle du genre.
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