Ardalén ***
Par Miguelanxo Prado. Casterman, 24 €, le 22 mai 2013.
L’Ardalén, c’est ce vent marin qui traverse forêts et montagnes, pour faire jaillir de l’imagination du vieux Fidel des baleines et autres souvenirs de voyages en mer. Il n’a plus toute sa tête ce bonhomme aux cheveux blancs, mais c’est vers lui que se tourne, un brin désespérée, Sabela, une quadragénaire à la croisée des chemins dans sa vie tant sentimentale que professionnelle. Une femme qui se cherche, et qui cherche aussi ce qui est arrivé à son grand-père, Galicien parti faire fortune en Amérique dans les années 1930 et qui n’est jamais revenu…
Peut-on se souvenir de la vie d’un autre et être persuadé de l’avoir vécue? C’est ce que se demande ici Miguelanxo Prado, immense auteur espagnol de Trait de craie ou La Demeure des Gomez. Son héros prétend avoir parcouru les océans et picolé en Amérique latine, mais sa mémoire est pleine de trous et d’incohérence. Et pour le croire, il n’y a que cette touchante Sabela, qui a besoin de repères solides, d’indices tangibles d’une existence oubliée, celle d’un grand-père qu’elle n’a jamais connu. Entre un monde imaginaire bien plus beau que l’amère réalité et une quête de vérité primordiale pour se (re)construire, Ardalén avance avec une certaine grâce, optant pour la poésie comme moteur narratif. Des « documents » et articles parsèment le récit, pour crédibiliser l’enquête de Sabela et asseoir la théorie mémorielle qui est avancée là. Une bonne idée, mais qui alourdit un peu un récit déjà parfois bavard et un brin longuet (presque interminable…), d’autant que la plupart des révélations sont assez prévisibles. Mais on oublie vite ces menus défauts devant la puissance évocatrice des couleurs et l’impeccable mise en scène de Prado, qui offre ici une très belle bande dessinée romanesque, à mettre entre toutes les mains.
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