Armelle est une petite tortue solitaire, dévorée par ses angoisses. En effet, elle a une peur panique du noir, ce qui l’empêche de dormir convenablement la nuit. Et, le jour, quand il s’agit de se recroqueviller dans sa carapace pour échapper aux dangers, elle tremble de se retrouver dans l’obscurité de la maison qu’elle porte sur son dos… Dès lors, moqué et rejetée par ses congénères, elle vit une existence morne et triste, seule face à ses peurs. Jusqu’à ce qu’elle rencontre le fringant Mirko, une luciole.

Sur une histoire originale d’Anne Montel (Miss Charity, Le Temps des mitaines), son compagnon scénariste Loïc Clément compose une bande dessinée toute en douceur, pas si éloignée dans la forme d’un album jeunesse. En effet, les grandes cases voire pleines pages, et le texte bref et rythmé comme un poème, sont propices à la contemplation et à la lecture du soir pour les enfants. Mais on est bien dans une BD, avec sa narration propre et dynamique, alternant récitatifs et scènes joliment dialoguées. On s’attache ainsi vite à cette pauvre Armelle, et on frémit avec elle face à l’irruption de ses terreurs nocturnes. Et on est bien rassuré quand Mirko, par ses mots et gestes simples, vient dérider la situation. De ce scénario plein d’empathie et d’intelligence, pour parler de dépression et d’angoisse aux enfants, comme sait si bien le faire Loïc Clément (voir Mauvais Sang par exemple), le dessinateur Julien Arnal tire un univers chatoyant et très expressif, grâce à une palette de couleurs nuancée et lumineuse. Une belle réussite pour les tout jeunes lecteurs, qui seront ravis de retrouver leurs deux héros dans une suite très attendue.