Art Spiegelman au Centre Pompidou
La Bibliothèque publique d’information (BPI) du Centre Pompidou à Paris accueille une exposition Art Spiegelman, jusqu’au 21 mai. Des œuvres de jeunesse de Spiegelman au processus créatif qui l’a conduit à dessiner Maus, l’expo, très complète bien que réduite par rapport à celle du dernier Festival d’Angoulême, présente l’essentiel de la production du dessinateur new yorkais. Organisées par Rina Zavagli-Mattotti, l’épouse de Lorenzo Mattotti qui gère la galerie parisienne Martel, les archives d’Art Spiegelman sont une formidable occasion de s’immerger dans la création de Maus, la seule BD à avoir décroché le prix Pulitzer.
Au cœur de l’exposition, nichée au deuxième étage de la BPI du Centre Pompidou, une formidable collection de fac-similés des planches de Maus. Travail de longue haleine qui a couru sur 13 ans, de 1978 à 1991, la gestation de Maus a débuté par le recueil de la parole du père de l’auteur de BD, juif polonais déporté à Auschwitz. Des éléments du parcours tragique des parents d’Art Spiegelman font le lien entre la BD et l’histoire : passeport de sa mère, rapport d’arrestation de ses parents à Auschwitz en 44, déclaration d’intention d’immigration aux USA en 1951…
Près d’un mur tapissé de planches de Maus, on entend la voix du père d’Art, 4h30 de souvenirs poignants qui donnent encore plus d’humanité au personnage de l’album. À côté, on trouve les sources d’inspiration du jeune Art, des comics américains des années 50 et 60.
En marge des nombreuses versions finales des planches de Maus, on peut s’attarder sur les croquis, les différentes étapes nécessaires à la composition d’une case, d’une planche. Autant d’éléments pour comprendre la méthode de travail obsessionnelle de Spiegelman.
Dans la suite de l’expo, c’est une facette moins connue, mais non moins intéressante, du dessinateur que l’on découvre. Loin des horreurs de la Seconde Guerre mondiale, on s’étonne devant le travail de Spiegelman pour les Garbage Pail Kids (les Crados en VF, voir ci-contre). Colorées et déjantées, ces illustrations ont été effectuées pour le compte une marque de chewing gum qui a embauché le tout jeune Art à sa sortie du lycée, en 1966.
Plus loin, ce sont ses débuts dans la bande dessinée underground, la création de la revue Raw avec sa femme Françoise Mouly, et son travail pour le New Yorker. Pour ce magazine, dont son épouse est la directrice artistique, il a notamment imaginé la fameuse Une qui a suivi le 11-septembre, des tours noirs sur fond noir.
On peut aussi admirer son travail d’illustration pour l’ouvrage Une nuit d’enfer ou des couvertures de livres, notamment pour l’édition allemande des oeuvres de Boris Vian, au style surprenant et caustique (illustration pour Je voudrais pas crever, ci-dessus).
Au total près de 400 pièces, planches originales, esquisses ou encore dessins préparatoires, permettent de cerner le génie créatif et la démarche de cet auteur majeur qui a hissé la BD au rang de médium qui compte. Ainsi, dans les planches de sa toute première publication dans Funny Animals, en 1972 (image à gauche), apparaissent déjà des animaux anthropomorphes, des souris, les prémices d’un long chemin qui mènera Spiegelman vers la création de Maus, son chef-d’œuvre.
Eloïse Fagard
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Exposition Art Spiegelman, Co-Mix.
Jusqu’au 21 mai 2012.
De 12h à 22h (dès 11h le week-end et jours fériés). Fermeture les mardis et le 1er mai.
Entrée libre.
Plus d’infos sur le site de la BPI.
Images © Art Spiegelman / Photos © BoDoï
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