Asuka Ishii : « Les hommes, les plantes, les animaux, le vent, tout est connecté »
Lecture parfaite en cette période estivale, L’île entre deux mondes s’est terminé cette semaine avec la parution de son second tome aux éditions Pika. Dans cette histoire, un jeune professeur débarque sur une île avec ses certitudes et ses connaissances. Celles-ci se trouvent bousculées suite à l’ouverture de son esprit et à des expérimentations à la frontière entre le rêve et la réalité. Artiste peintre et autrice de ce manga, Asuka Ishii a évoqué avec nous de son parcours, de son rapport à la création, de ses deux métiers, mais aussi plus largement de sa vision de la vie et de son rapport au monde.
Vous avez fait des études d’art et avez commencé à étudier à la prestigieuse Université des beaux-arts Tama de Tokyo. Pourquoi avez-vous choisi le design graphique ? Ça semble pourtant assez éloigné de votre travail actuel.
J’hésitais entre le design et le nihonga [étude de la peinture japonaise traditionnelle], mais j’ai finalement opté pour le design car je me suis dit qu’ainsi, je pourrais apprendre à utiliser différents outils et moyens d’expression. Comme mon but n’était pas de faire du design, j’ai peint un paravent pour mon examen final, ce qui faisait sûrement de moi une étudiante atypique comparée aux autres. Mais lorsque j’ai, au final, dessiné une œuvre pour participer à un concours de manga, j’ai eu l’impression que ce que j’ai appris dans ce cursus m’a beaucoup servi.
Vous avez ensuite totalement changé d’environnement pour partir étudier à l’Université d’art Okinawa. Qu’est-ce qui vous a amené là-bas ?
Ce n’est pas à proprement parler un changement de cursus. Après avoir fait une licence à Tokyo, j’ai poursuivi avec un master à Okinawa. La grande différence, c’est que contrairement à Tokyo c’était une université où il y avait beaucoup moins de monde et où les matières étaient un peu moins séparées. C’est-à-dire qu’il y avait des professeurs avec des spécialités très diverses, ce qui m’a permis de découvrir beaucoup plus que j’aurais pu imaginer. J’ai même pu m’essayer à la fabrication traditionnelle du papier japonais. C’est en partie pour ce genre d’expériences que je suis vraiment très heureuse d’avoir étudié à Okinawa.
La vie à Okinawa est en de nombreux points différente de celle de Tokyo. Vous qui êtes tokyoïte, comment avez-vous vécu ces années loin de la capitale ?
Ce qui est assez fascinant avec Tokyo, c’est que c’est une ville très particulière où tout est mélangé, que ça vienne de différents endroits du Japon ou même de l’étranger. Cela me donne l’impression que Tokyo a une identité moins marquée qu’ailleurs. En sortant de la capitale, on retrouve souvent une culture locale très particulière et c’est ce qui m’a attirée vers Okinawa. En plus, j’avais cette attraction naturelle vers plus de nature et plus de mer surtout.
Après vos études, vous vous êtes lancée dans le manga. Pourquoi ne pas y être venue avant ?
En vérité, j’avais déjà dû écrire un manga dans le cadre de mes études. Cependant, créer un manga est très chronophage et demande beaucoup d’efforts, car il faut faire beaucoup de dessins, beaucoup de pages. Comme j’étais étudiante, j’avais d’autres créations à produire qui demandaient déjà beaucoup de temps. C’est pour cela que j’ai réellement commencé le manga après avoir terminé mes études.
Pourquoi étiez-vous attirée par le manga ?
C’est peut-être le rapport que j’ai avec ma façon de dessiner. Lorsque je peignais sur toile, c’était comme si une vidéo défilait dans ma tête, et j’en extrayais les images pour les représenter. Quand je dessine, je prends des diapositives des moments qui m’intéressent pour les coucher sur le papier. Je pense que c’est pour cela que le lien avec le manga s’est fait assez naturellement pour moi.
Quel est votre rapport au manga ? Vous en étiez friande enfant ? Vous souhaitiez déjà en faire votre métier ?
Je ne sais pas si je pourrais dire que j’avais envie de devenir mangaka dès mon plus jeune âge. J’ai toujours lu des mangas depuis ma plus tendre enfance, et j’en dessinais d’une façon ou d’une autre. Dessiner était tellement normal pour moi que je n’ai jamais pensé en faire mon métier.
Comme beaucoup d’auteurs en devenir, vous avez donc participé aux concours de jeunes talents. Vous avez envoyé vos œuvres au magazine Afternoon, et vous avez été deuxième en 2014, puis première en 2015. Qu’est-ce qui vous intéressait particulièrement dans ce magazine ?
En fait, c’est assez simple, c’est une amie de la fac qui aimait beaucoup ce magazine et qui m’a conseillée d’envoyer mes créations là-bas. Elle disait que ce que je faisais était dans l’esprit de ce que publiait Afternoon.
À la lecture de L’île entre deux mondes, on pense aux œuvres de Yuki Urushibara et de Daisuke Igarashi, mangakas avec lesquels vous semblez partager une vision de la vie, de la nature et de la gestion de l’imaginaire. Et au Nouveau Tom Sawyer du duo Ume. Il y a cette ambiance si particulière, ce rapport au surnaturel, au vivant, ces paysages, ces traditions et ces mystères…
Yuki Urushibara et Daisuke Igarashi sont deux auteurs que j’apprécie beaucoup depuis que je les ai découverts étant étudiante. Je pense qu’on porte le même regard sur la nature. Pour ce qui est du Nouveau Tom Sawyer, je n’ai jamais lu cette série et vous me donnez très envie de me pencher dessus ! Pour revenir à l’Afternoon, j’ai en plus appris que des mangakas que j’aime beaucoup avaient eux aussi participé à ce prix de jeunes talents, notamment Taiyô Matsumoto et Daisuke Igarashi. Cela m’a encore plus donné envie de me lancer dans ce magazine et je pense que mon amie devait avoir comme une sorte de sixième sens, car l’avenir lui a donné raison.
Vous dites avoir été influencée la partie « Le Soleil » de Phénix d’Osamu Tezuka. Qu’est-ce qui vous a tant marqué dans ce titre ?
Je me souviens très bien, j’ai lu Phénix alors que j’étais encore collégienne. Un jour, mon père est rentré très content de lui, car il avait trouvé l’intégrale dans un magasin d’occasion. Je l’ai véritablement dévorée en quelques jours. J’ai été marquée par cette œuvre et particulièrement par cette partie du « Soleil », puisqu’il y a un thème dans cette partie qui m’a beaucoup touchée. C’est ce moment où les dieux ancestraux japonais rencontrent les nouvelles divinités du bouddhisme et se battent. Au milieu de tout ça se trouve le héros qui essaye d’avoir une position un peu neutre. J’ai compris par la suite que c’est une allégorie qui marche aussi dans beaucoup d’autres cultures. On peut, par exemple, dresser un parallèle avec l’Europe et les croyances des différentes divinités de la nature ou les différents panthéons de la mythologie grecque qui rencontrent le christianisme, avec l’opposition que cela a pu créer. Tous ces thèmes-là m’ont vraiment passionnée et je pense que c’est aussi pour ce même dilemme entre les dieux anciens et nouveaux que Princesse Mononoké est l’œuvre de Ghibli qui m’a le plus marquée.
Vous citiez Taiyô Matsumoto. Vous l’aviez découvert avec Amer Béton, pouvez-vous nous en dire plus ?
C’est une œuvre que j’ai découverte grâce à une amie au lycée et il y a quelque chose d’assez indicible qui s’est passé quand je l’ai lu. Dans cette œuvre également, les deux mondes qui s’opposent sont représentés avec un certain équilibre. Il n’y a pas de trame moralisatrice, le bien et le mal cohabitent en chacun d’entre nous, et c’est ce qui m’a beaucoup attirée. Qui plus est, comme dans chacune des œuvres de Taiyô Matsumoto, le rythme des images est agréable à suivre, et c’est l’une des choses qui forme le noyau dur de mes mangas.
L’intrigue de votre série se passe sur Aoshima, une île fictive où l’on ressent un dépaysement propre aux îles méridionales de l’archipel japonais. C’est une résurgence de votre passé à Okinawa ?
Tout à fait. J’ai pris pour modèle les îles d’Okinawa et d’Ogasawara que j’ai visitées autrefois, mais celle qui m’a surtout inspirée est l’île d’Iejima, à Okinawa. Tout comme le personnage de L’île entre deux mondes, j’ai moi aussi été envoyé un an sur cette île en tant que prof d’art au collège. C’est donc vraiment mon expérience qui est un peu reproduite dans le manga. Particulièrement tout le passage sur le brouillard. Sur cette île, un jour, un brouillard très épais est apparu, et j’ai tenu à retranscrire ça dans ma série.
La nature, la vie et l’imaginaire sont totalement imbriqués les uns dans les autres dans votre histoire. Est-ce que cela reflète votre propre vision de la vie ?
Depuis que je suis toute petite, j’ai toujours adoré les contes et légendes locales. J’ai aussi toujours été passionnée par le fait qu’on y représente une relation entre le monde des humains avec tout ce qui n’est pas humain. Pour aller plus loin, je dirais que j’ai voulu représenter le fait que si l’humain a une tendance à l’individualisme, notre existence actuelle à un endroit donné est inscrite dans un immense flux venant du passé et allant vers le futur, où les hommes, les plantes, les animaux, l’eau, le vent, tout est connecté.
Les 5 éléments ont une grande importance dans votre récit. Quel est votre rapport à eux ?
Je ne sais pas si j’ai vraiment un rapport spécifique avec les éléments, mais comme je le disais avec l’idée de cercle de vie : tout est inclus, tout est lié et tout bouge en rapport les uns avec les autres. C’est peut-être pour cela que l’on ressent les éléments dans L’île entre deux mondes. On parlait du brouillard tout à l’heure, et on peut considérer le brouillard comme un mélange entre l’eau, le feu et le vent. Je ne pensais pas vraiment avoir consciemment intégré ces éléments dans le récit, mais maintenant que vous en parlez, il est possible que je les aie intériorisés et qu’ils ressortent de cette façon dans mon manga.
Quand on regarde l’ensemble de vos œuvres, mangas ou peintures, une couleur, un élément ressort tout de même avec évidence : le bleu de l’eau. Référence qu’on retrouve dans le nom de même de l’île Aoshima, qui signifie « île bleue ». Vous nous parliez justement au début de votre attirance que vous avez pour la mer… Qu’est-ce qui vous attire dans ce bleu, cette eau ?
L’eau m’a toujours subjuguée. Il y a ce je-ne-sais-quoi de très particulier avec l’eau. On la représente avec du bleu, mais en vérité, elle est transparente. Elle devient bleue quand on la voit de loin et qu’il y a une grande quantité d’eau. Et encore, ce bleu a différents tons. Il y a aussi le fait que l’eau est particulièrement insaisissable. Si on essaye de la saisir, au final on ne voit que ses propres mains. Honnêtement, je serais capable de me poser devant une rivière et de regarder l’eau s’écouler toute la journée ou de me poser devant les vagues et de me laisser bercer par leur bruit tout en regardant ce qu’elles dessinent sur la plage. Il y a quelque chose de très important, de très mystérieux pour moi avec l’eau et je pense que je risque même de passer ma vie à la dessiner et à essayer de la saisir, alors qu’elle est insaisissable !
Dans L’île entre deux mondes, le ciel semble aussi très important. Il est très présent et se mélange même avec l’eau dans vos illustrations. C’est d’ailleurs le ciel qui donne sa couleur à l’eau…
Pour moi le ciel, la mer ou l’eau, ce ne sont pas des entités qui sont séparées. On en a justement parlé auparavant. Le ciel et la mer ont un rapport fusionnel. Par exemple, les nuages, c’est de l’eau qui est remontée au ciel depuis la mer, et cette eau retournera ensuite dans la mer. L’eau et le vent se ressemblent. Les deux se mélangent, se séparent et se rapprochent à plusieurs moments dans le cycle de la vie.
De ce ciel tombe un jour un éclair qui frappe l’eau et déclenche un événement surnaturel. Comme pour le passage sur le brouillard, vous indiquez en postface que le chapitre contant cette histoire a directement été inspiré par votre vécu. Pouvez-vous nous en dire plus ?
J’étais partie sur l’île d’Iriomote à Okinawa où je participais à une excursion en kayak des mers. Nous partions de la côte pour remonter le courant et voir une cascade. À l’aller tout s’est bien passé, mais au retour il s’est mis à pleuvoir très fortement. Le ciel s’est assombri dangereusement et alors qu’on approchait du large, un éclair a frappé l’eau et s’est propagé à la surface, ondulant dessus comme un dragon qui se tortille. J’étais à la fois abasourdie, car quelques mètres de plus et nous aurions pu tous finir électrocutés, mais plus qu’effrayée, j’étais surtout éblouie par ce spectacle hors du commun. Cette expérience m’a beaucoup marquée et je tenais à la restituer dans mon manga.
Toujours en postface, vous confiez votre difficulté de faire du manga, de raconter plutôt que dessiner. Qu’est-ce qui est le plus dur pour vous ?
La différence entre un manga et une peinture, c’est que dans un manga il faut rajouter des mots, des paroles. Les sujets difficiles à transmettre par le langage sont d’autant plus complexes à transmettre à un grand nombre de lecteurs, et je ressens cette difficulté. Verbaliser est quelque chose de simple mais qui pose aussi des limites. Qui plus est, il y a un aspect raffiné dans la représentation des humains dans le manga, mais j’ai personnellement tendance à percevoir tout ce qui est humain ou non-humain de la même façon, et je sens que je dois comprendre cet équilibre de manière plus consciente.
Ça me fait penser qu’il y a une autre grande différence entre vos deux métiers. Le travail d’artiste est souvent solitaire alors que le manga est souvent un métier collectif, avec un éditeur et des assistants qui interviennent directement.
Je travaille sans assistant, ce qui fait qu’une fois que le storyboard est validé, je dessine mon manga seule. En ce sens, c’est un travail solitaire comme en peinture, donc ce n’est pas si différent pour moi. Par contre, il est vrai que la partie scénaristique et d’élaboration du storyboard se font en échange avec mon éditeur. On discute, on se soumet des idées, je vais lui demander ce qu’il en pense, ce qui semble une bonne direction pour que la lecture soit fluide et il m’apporte son point de vue extérieur.
C’est une aide dont vous avez besoin pour structurer votre récit ?
Pour L’île entre deux mondes, on m’a laissé le champ libre pour faire ce que je voulais, mais de manière générale, ce qui est intéressant dans le soutien de l’équipe éditoriale, c’est quand il faut avancer un peu dans l’histoire. En général j’ai des idées pour démarrer un récit, et eux sont derrière apportent leur soutien, notamment pour faire tenir ce récit sur la longueur, pour que les parties se tiennent quand on est sur une histoire qui est découpée et publiée en plusieurs chapitres. Il faut aussi penser à la façon d’organiser l’ensemble pour que chaque partie puisse être intéressante et qu’elles puissent toutes être reliées entre elles avec cohérence.
La traduction littérale de votre série est « Le bruit des jours ». Cette référence aux sons revient en début de chaque titre de chapitre. Pourquoi ce choix ?
On revient encore à mon enfance, mais j’ai toujours adoré la chanson, la musique. Pour tout vous dire, au lycée j’ai même participé à une comédie musicale. Je trouve que la musique permet une grande puissance imaginative. Avec un seul bruit, on est déjà capable de faire s’imaginer quelque chose, de créer un monde. Ça m’a toujours fasciné, surtout qu’on arrive difficilement à reproduire ça dans d’autres types d’art comme le dessin. Et puis le bruit marque aussi le commencement. La naissance de l’univers a commencé par un bruit. Tout début de vie démarre par un son et c’est ça que j’ai voulu exprimer dans ce manga.
Que pensez-vous du titre français, « L’île entre deux mondes » ?
Je trouve que ça correspond très bien avec ce que j’ai voulu exprimer. On en parlait justement tout à l’heure avec Amer Béton, l’interstice entre les mondes, le fait d’être bloqué entre deux mondes est un concept qui m’intéresse beaucoup.
Quand on regarde vos peintures grand format qui s’étalent sur plusieurs panneaux et vos mangas, on se dit que ce n’est pas du tout le même travail. Il y a certes le dessin qui lie les deux, mais vos techniques ne peuvent être que fondamentalement différentes. Qu’est-ce qui vous plait le plus dans chacune de ces pratiques ?
Pour ce qui est des peintures grand format, j’aime beaucoup la liberté que ça me donne dans les possibilités de gérer l’espace et le vide. Que ce soit pour des représentations de la forêt ou de la mer, la grandeur de l’échelle donne l’impression de pouvoir rentrer dans l’œuvre, de se sentir à l’intérieur du dessin. J’arrive vraiment à dessiner et retranscrire des atmosphères parce que j’ai la place de pouvoir les développer. Pour ce qui est du manga, c’est le jeu du monochrome, la gestion du noir et de l’encrage qui me plait le plus. Surtout la possibilité de faire de grands aplats en noir. En peinture, on n’utilise pas du tout le noir de la même façon et pas tellement sur d’aussi grandes surfaces comme dans un manga. Le noir dans le manga peut permettre d’exprimer vraiment beaucoup de choses. Ça peut par exemple permettre d’exprimer les ténèbres, la profondeur, les perspectives. Et quand on a des éléments qui sont encrés avec des lignes plus fortes au premier plan, ils ressortent vraiment et cela permet de faire une emphase sur ce que l’on souhaite.
La nature a une grande importance dans votre œuvre, mais on n’y sent pas de jugement de valeur par rapport à ce que les hommes en font. Que pensez-vous du monde actuel dans lequel le rapport à la nature n’a jamais été aussi distant et l’environnement semble le cadet des soucis des gouvernements ?
En vivant en ville, on a très peu d’espace qui nous font prendre conscience de la grandeur de la nature. Je me demande si ça n’aurait pas un impact sur notre imagination. Par exemple, lorsque je me retrouve dans un train bondé et que cela m’agace, je me mets à penser qu’à cet instant même, sur cette terre, il y a une immense nature verdoyante, et étrangement, cela m’ouvre l’esprit et permet de m’apaiser. Cette nature n’a peut-être pas d’effet immédiat sur ma vie quotidienne, mais pour moi, savoir si elle existe ou non quelque part maintenant fait une grande différence.
Comment voyez-vous l’avenir de l’humanité, de la Terre ?
Même si l’humain en a conscience, il vivra toujours inévitablement en détruisant une partie même minime de la nature. Mais je pense que s’il s’en détache complètement, il ne peut pas vivre.
Je pense qu’il est temps que les humains aient un regard sur leurs actes passés et changent les choses.
En plus du rapport à la nature, le rapport à l’autre est central dans votre manga. Depuis un peu plus d’un an, nous vivons un moment inédit pour notre génération. La pandémie a fortement modifié notre rapport au réel, au numérique, à l’autre, et à la nature. Que retenez-vous de cette expérience ?
J’ai réussi à continuer de travailler sans percevoir d’impact sur ma façon de procéder. Comme je dessine à l’ancienne sur papier, j’étais un peu désolée de devoir me déplacer durant cette période de restriction pour pouvoir remettre mes planches à mon éditeur en le retrouvant à la gare la plus proche, mais je me suis sentie à l’inverse reconnaissante de pouvoir voir quelqu’un et lui parler.
De plus, il y avait d’autant plus de monde dans les parcs de mon voisinage durant cette période, et j’ai pris conscience de la nécessité qu’ont les gens à trouver des coins de nature durant ces temps de confinement.
Pensez-vous qu’il découlera une réflexion profonde de notre rapport à l’autre et au monde suite à cette crise ?
Je l’espère. Tout n’est pas que perte. Les rouages qui fonctionnaient tant bien que mal jusque-là ont cessé de fonctionner et ont dû s’interrompre sur de nombreux plans, mais ne peut-on pas dire que grâce à cette situation, nous avons gagné le temps de revoir certaines choses ?
Propos recueillis par Rémi I.
Merci à Clarisse Langlet (Pika), Miwa Shindoh & Akie Yamada (Kodansha), Sayaka Okada (traductrice des questions) et Odilon Grevet (interprète).
© Asuka Ishii / Kodansha Ltd. / Traduction des deux tomes : Thibaud Desbief
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Sortie du deuxième et dernier tome le 15 juillet 2021 :
L’île entre deux mondes #1-2.
Par Asuka Ishii.
Pika, 14 €.
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