Asylum
A la maison de retraite, Maialen va voir son « amatxi » (mamie en basque), vieille dame au caractère bien trempé, qui ne s’en laisse pas conter. Furieuse d’être « enfermée dans [un] asile », elle raconte à sa petite-fille ses jeunes années. « J’ai passé une grande partie de ma vie à demander ça, justement, un asile… », commence-t-elle, avant de détailler une adolescence déchirante, largement endeuillée par la Guerre d’Espagne.
En parallèle, le lecteur suit d’autres destins frappés d’horreur et de déracinement : celui d’Aina, Nigériane qui, pour échapper à un mariage forcé, quitte sa famille et tombe dans les rets d’un réseau de prostitution ; celui de Christopher, un Ougandais homosexuel installé au Kenya pour échapper à la persécution dont il est victime, mais sans beaucoup de succès ; celui de Sanza, Congolaise qui fuit la guerre dans son pays et tente désespérément d’entrer en Europe.
Déchirants, ces récits sont dessinés d’un trait doux, habillés d’aquarelles aux couleurs sobres, mais présentes. Ils pourraient se limiter à n’être que des témoignages emplis de bonnes intentions. Mais l’Espagnol Javier de Isusi (Voir des baleines) parvient à les lier d’une habile ficelle scénaristique, Réunis ainsi, ils transcendent les histoires individuelles, les pays ou conflits cités. Et rappellent l’insoutenable condition de celui que l’on force à fuir.
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