Au bout du fleuve
Kémi est Béninois. Orphelin, il décide de partir à la recherche de son jumeau car selon le rite Vodun, celui qui perd son jumeau, perd la moitié de son âme. Pour cela, il entreprend un périple qui l’amènera à descendre le fleuve Niger jusqu’au delta, situé au Nigéria. Une quête tout autant familiale qu’initiatique.
Jean-Denis Pendanx (Le Maître des crocodiles, Jeronimus) s’essaie pour la première fois à l’écriture du scénario : amoureux de l’Afrique, continent sur lequel il a assuré plusieurs résidences d’auteur, parfois en lien avec des ONG, il nous livre une BD tout en contrastes. À la quête de Kémi, garçon attachant, aux valeurs positives, s’oppose une réalité sociale et politique apocalyptique : violence, corruption… En filigrane aussi, une Afrique qui s’ouvre à la mondialisation, via notamment les ressources en hydrocarbures – dont il est question ici à travers le trafic d’essence frelatée – et qui enrichit les grands groupes internationaux au détriment de la population. C’est donc un ouvrage éminemment engagé que l’auteur nous livre. À cela s’ajoute sa patte habituelle : une peinture colorée et nuancée. L’histoire, dense, invitait cependant à une narration moins lapidaire. Les échanges sont rapides, les personnages rencontrés sont à peine effleurés ; pas trop le temps de s’attacher, ni de saisir la complexité des rapports. Il demeure au final un album fidèle aux idéaux de l’auteur, où visions oniriques et dessins soignés l’emportent sur les faiblesses narratives.
Publiez un commentaire