Au fil de l’eau
Niceto, 83 ans, pourrait être un vieillard respectable. Père d’un médecin légiste dévot, grand-père d’un jeune policier humaniste, bientôt arrière-grand-père d’une fillette. Mais voilà, lui qui a milité contre la dictature franquiste, mène une vie désormais décousue. Avec quatre autres petits vieux, il vend à la sauvette du matériel volé. Se fait emmener au commissariat, puis recommence… Pas de quoi fouetter un chat, ou presque. Mais la situation s’envenime quand, un à un, ses amis retraités et brigands meurent assassinés.
Entre polar et étude sociologique, Au fil de l’eau fait le constat d’une génération désabusée, traçant le portrait d’hommes revenus de tout. Et qui, au lieu de tranquillement taper le carton au café, vivent à la marge, sans partager leurs souffrances morales. Dans un noir et blanc sobre, l’Espagnol Juan Diaz Canales, scénariste de Blacksad et de la reprise de Corto Maltese, fait montre d’une belle aisance graphique. Son trait expressif suit un découpage sobre, intelligent. L’auteur plante confortablement ses personnages, dépeint à petite touches les caractères. Et ne cherche pas à rendre son héros plus aimable qu’il n’est. A petites touches, il entretient le suspense, jusqu’à un retournement de situation inattendu. Glaçant.
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