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Au pays de Jean-Pierre Gibrat

18 septembre 2019 |

DM-Gibrat-260x350-Cover-2019-03-10-BAT.inddIls se sont rencontrés en 1997, peu de temps après la publication du Sursis. « Pour la première fois, il prenait en main et le scénario et le dessin d’une histoire qui lui était proche, voire intime ; cette décision a changé sa vie de dessinateur et sa vie d’homme aussi ». Rebecca Manzoni, chroniqueuse à France Inter, interrogeait alors Jean-Pierre Gibrat en tant que journaliste. De professionnelle, la relation est devenue amicale — au point que l’auteur a même donné ses traits à un personnage dans Mattéo ! Elle se poursuit à travers cet artbook, L’Hiver en été, un long entretien émaillé de nombreux dessins et croquis.

L’artiste revient sur son parcours pré-Sursis, sa collaboration avec Jackie Berroyer, ses influences alors (« en gros, en dehors de Giraud, Goossens, Rochette, pour moi il n’y avait plus personne ! »), ses doutes (« dans mon dessin, j’avais perdu le culot de mes vingt-cinq ans »), ses prises de conscience (« tu peux tout à fait te permettre un dessin gratuitement spectaculaire pour une illustration, mais pas en bande dessinée ; je n’ai compris tout ça qu’avec Le Sursis »). C’est alors « le dépit » qui le pousse vers une histoire personnelle, qui se passe dans l’Aveyron de son enfance, pendant une période qui le fascine, l’Occupation. Jean-Pierre Gibrat évoque la résonance de ce qu’il dessine aussi dans Mattéo avec son histoire familiale (notamment ses grands-parents communistes), sa volonté de « rendre hommage » aux humanistes engagés. Lui qui met deux ans à faire une bande dessinée pense son dessin « pas approprié au contemporain », son goût pour le passé qui a « un côté douillet qui [l]e séduit ».

Il aborde aussi sa technique, sa façon d’associer le trait et la couleur, son envie de baigner ses cases de lumière. S’il renâcle d’abord un peu à aborder ses personnages féminins, il finit par relier Cécile, héroïne du Sursis, à un de ses amours de jeunesse. Des femmes, il dit : « j’aimerais réussir à les dessiner moins mignonnes tout en suggérant le pouvoir de séduction qu’elles détiennent ». La conversation est agréablement éclectique, glissant sur ses écrivains ou livres de prédilection (La Bicyclette bleue de Régine Deforges, Voyage au bout de la nuit de Céline…), l’importance de la musique — en particulier de Jimi  Hendrix ou Joni Mitchell — dans sa vie. Au fil d’un livre au grand format, la balade dans la tête et les mains de Jean-Pierre Gibrat se révèle somptueuse.

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L’Hiver en été, artbook de Jean-Pierre Gibrat
Par Jean-Pierre Gibrat et Rebecca Manzoni.
Editions Daniel Maghen, 175 p., 39€.
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Commentaires

  1. loutra

    Un auteur imprégné de misogynie, avec des dessins à l’avenant. Dommage, les paysages sont joliment réalisés.

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