Au pied des étoiles
José Olivares, professeur de physique d’un lycée grenoblois, avait un projet fou : emmener ses élèves à 13 000 km de chez eux et à 5 000 m d’altitude, en plein désert d’Atacama. Pourquoi se rendre dans ces terres reculées du Chili ? Parce que c’est là-bas que se trouvent les plus grands observatoires astronomiques du monde ! Et quitte à se lancer dans une telle entreprise, autant le faire bien entouré, et en l’occurrence avec Edmond Baudoin et Emmanuel Lepage à qui il propose de réaliser un carnet de voyage de cette expédition scolaire à la poursuite des étoiles.
Si le livre est bel et bien là, c’est finalement bien plus d’un carnet de voyage que l’on découvre. Bande dessinée dense et d’une grande richesse, Au pied des étoiles n’est en effet pas qu’une simple collection de croquis et anecdotes. Il faut dire que l’expédition n’a pas du tout été celle prévue au départ : ce fut une vraie aventure scindée en plusieurs destinations et moult péripéties inattendues, comme seuls un cancer et une épidémie mondiale pouvaient réserver.
Reprenant le fil de l’organisation et de la virée sud-américaine, cet ouvrage relate finalement de nombreux sujets autres que celui de l’observation du ciel et des étoiles. Cette thématique sera même finalement assez secondaire, car, ce voyage, c’est déjà la rencontre forte entre deux vétérans de la bande dessinée aux approches totalement différentes, mais aussi des échanges intergénérationnels émouvants et l’histoire d’un pays qui se déroule sous nos yeux lors de l’élection à la présidence chilienne de Gabriel Boric… C’est enfin le récit de deux auteurs qui racontent et se livrent sur des sujets qu’ils n’avaient encore jamais abordés à la première personne.
Graphiquement, les dessins si différents de Baudoin et Lepage coexistent et se répondent dans une fluidité étonnante. Apprenant et s’influençant l’un l’autre, ils parviennent à nous faire vivre par procuration leur voyage géographique et intérieur foisonnant et intime, tout en restant très accessible.
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ça doit être 5000 m d’altitudes sinon les pauvres élèves ne vont jamais s’en sortir
Commentaires