Au revoir là-haut
Albert et Édouard sont des survivants des tranchées. Le premier, timide et emprunté, aide le second au jour le jour, dont la mâchoire a été arrachée par une balle. Une vie de misère et de douleur, mais la vie quand même, dans l’ombre des hommages célébrés par les grands de ce monde qui n’ont vu la guerre que de loin, et des cyniques qui profitent de la peine de millions de Français.
On attendait beaucoup de l’adaptation du Prix Goncourt 2013 par Christian de Metter, dessinateur souvent inspiré (Rouge comme la neige, Scarface, Marilyn de l’autre côté du miroir…). Hélas, le rythme et le ton de la transposition ne fonctionnent que rarement. En multipliant des passages à tendance humoristique et en jouant sur des planches muettes pleines de vie, De Metter produit de beaux passages de bande dessinée, portés par des portraits expressifs de corps estropiés ou simplement malhabiles, d’une vraie justesse. Mais il s’écarte aussi du coeur de l’histoire, atténue de trop la souffrance immense du personnage d’Édouard, peine à coller ensemble les différentes trajectoires des protagonistes. L’ensemble manque de liant, de cohésion, et par conséquent de puissance. Et si l’esthétique choisie est pertinente et souvent forte, les bulles anguleuses et le lettrage mou étouffent ces efforts. Dommage, vraiment dommage.
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