Il est 8h15, ça grouille sur le parvis de l’école, les enfants arrivent par petits paquets, déposés plus ou moins précipitamment par leurs parents. Une nouvelle journée se prépare. Comme à leur habitude, certains seront en retard. Les enseignants sont déjà là et dans les classes, c’est encore le calme plat. Une clameur monte des couloirs, ça discute des petites choses du quotidien, ça rigole en choeur et ça se dispute pour un rien. Dans ce tumulte, petits et grands vont jouer leur partition, de la cantine au bureau de la direction, en passant par la cour de récréation. Mais voilà que la sonnerie du soir retentit déjà. Il est temps de saluer le public et de quitter la scène pour rentrer à la maison. On ne dirait pas, mais il s’en passe des choses pendant une journée d’école. Un vrai petit théâtre de la vie.

Une école, c’est un microcosme étrange et surprenant pour qui prendra le temps de l’observer attentivement. Cette fourmilière, Loïc Froissart, qui vient du monde de l’illustration jeunesse, a eu l’occasion de l’explorer quotidiennement pendant toute une année. Il en a fait le sujet de sa première bande dessinée. À travers ces fragments d’emploi du temps, il réussit à retranscrire à merveille cette ambiance si particulière propre à l’univers scolaire. Parole d’enseignant, on s’y retrouve complètement !

Ce témoignage léger et tendre, aux tonalités acidulées, est saisissant d’authenticité. Le temps semble parfois s’arrêter, suspendu au trait singulier de cet auteur qui révèle ici ses talents d’observateur avisé. Ces petites saynètes qui s’additionnent au fil de l’album composent au final une fresque poétique qui parlera aussi bien aux jeunes lecteurs, qu’aux lointains souvenirs d’écoliers de leurs parents. Ce livre à la fabrication soignée, du papier au choix de la typographie, est un magnifique hommage à cette période que l’on a tous traversée, avec plus ou moins de facilités. Une petite madeleine de Proust à consommer sans modération.