Aung San Suu Kyi, Rohingya et extrémistes bouddhistes
À la manière d’un Joe Sacco, Frédéric Debomy et Benoît Guillaume nous emmènent dans leur reportage en Birmanie, où ils enquêtent sur la question nationaliste et la persécution des Rohingya, minorité musulmane du pays. Ils donnent la parole à des locaux de tous bords, et abordent aussi la condition des chrétiens et des femmes. S’il faut rester assez concentré pour lire cet album, il demeure accessible à tous.
On apprend vite à reconnaître le nom du mouvement Ma Ba Tha, incarné par le bonze Wirathu, qui tient des propos racistes effrayants. Pour ceux qui n’ont jamais entendu parler de déviation dans la religion bouddhiste, reportez-vous à l’excellente bande dessinée de Mark Hendriks, Les Sentiers du Nirvana (Warum, 2016), une peinture au vitriol du bouddhisme tibétain. Mais pour revenir à la Birmanie, le second nom qui revient systématiquement est celui d’Aung San Suu Kyi, présidente élue en 2015, Prix Nobel de la Paix en 1991. Les auteurs cherchent à savoir comment les différents mouvements birmans perçoivent l’action de son gouvernement. Ils traitent cette question avec ouverture d’esprit et construisent patiemment un portrait en creux mais nuancé de cette figure marquante aujourd’hui très attaquée.
La manière très directe de peindre de Benoît Guillaume n’est pas sans évoquer un carnet de voyage. Il privilégie les ambiances aux détails, avec des choix marqués de couleurs – il alterne des teintes de jaune/orangé à des scènes bleue/vertes. Le rythme des séquences varie pour offrir un agréable moment de lecture. Mais le plus appréciable reste que les auteurs nous donnent à entendre par nous-même les témoignages recueillis tout en partageant leur esprit critique journalistique. Une enquête en BD sérieuse et pédagogique.
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