Jola devrait réviser, potasser ses maths pour espérer un bulletin passable, et envisager son avenir scolaire sereinement. Mais elle repousse, reporte, recule pour ne pas sauter. S’invente des excuses pour sécher les cours. Et va même jusqu’à perdre exprès son chien adoré pour justifier une absence. Ça ne vas pas très fort, pour cette ado qui relit et relit des vieux strips de BD dessinés à la souris, là où elle pouvait exprimer toutes ses angoisses avec humour…

Jolie surprise que cette première bande dessiné de Michael Furler, qui aborde le thème du mal-être adolescent sous un angle intéressant, avec humour et sincérité. Jola souffre de ne pas savoir vraiment ce qu’elle veut faire et se laisse dévorer par la procrastination, dans un environnement familial pas désagréable (à part son crétin de père) mais qui ne fait plus l’effort de tenter de comprendre cette ado qui râle et jure tout le temps. Manquant de confiance en elle pour se lancer à fond dans sa passion pour la BD, elle accentue la perte d’estime d’elle-même en faisant tout pour échouer dans le strict cadre scolaire, jusqu’à se fâcher avec sa meilleure amie. Et en filigrane, elle est dévorée par la culpabilité d’avoir laisser échapper son chien. Mais tous ces événements tristounes sont traités avec énergie et des effets comiques percutants, dans un style informatique qui assume totalement son côté synthétique outrageusement baveux, dans des dégradés, trames et transparences étonnantes, et l’ajout d’un vert fluo épatant. Une vraie grammaire visuelle et très graphique se développe, donnant toute son originalité au livre. Une des révélations de l’année, à nouveau à mettre au crédit des toujours inspirées éditions Atrabile.