Dans un futur proche, les applis et autres outils manoeuvrés par une intelligence artificielle seront partout. Même dans le suivi et l’orientation des élèves : comme dans un mélange de Parcoursup et de tests psycho, l’examen « Scanpsy » classe les enfants dès leur plus jeune âge dans une filière censée leur donner les meilleures chances de réussir, et tant pis pour ceux classés comme hyperactifs ou délinquants en puissance ! Pour eux, direction un centre spécialisé, ou alors les parents seront bons pour payer une fortune pour leur scolarité dans un cursus classique… La mère du petit Matt se refuse au diagnostic et tente de rejoindre une résistance clandestine, tandis que l’oncle journaliste veut mettre au jour la réalité derrière Scanpsy…

Le monde décrit ici ressemble furieusement au nôtre : surconsommation d’anxiolytiques, développement hyper rapide des services numériques et des IA, passivité induite par ces nouveaux outils, répression violente des manifestations… C’est pour cela que cet album suscite rapidement l’intérêt. Toutefois, rapidement aussi, on sent que les thèmes et les enjeux sont un peu trop grands pour un one-shot, et l’intrigue a ainsi recours à des rebondissements grossiers ou maladroits, qui abîment l’ambition réaliste de départ. À trop vouloir en mettre, les scénaristes ont négligé leurs personnages, leur structure narrative et leur histoire, dont l’issue est trop rapidement bouclée. On garde toutefois les bonnes idées de l’ensemble, ainsi que l’émergence d’un dessinateur de qualité, Eliot, qui, pour son premier album, marche dans les pas d’un Frederik Peeters, mais qui semble en avoir sous la pédale pour affirmer son propre style.