B.O, comme un dieu
À 772 ans, B.O. est le dernier robot sexuel de la galaxie. Parcourant les grandes étendues spatiales à bord de son vaisseau pénien dans le but d’assouvir l’appétit sexuel de ces dames, ce donneur d’orgasme humanoïde ne chôme pas. Derrière ses réflexions froides et distanciées liées à sa condition de robot, il scrute, questionne et analyse le comportement des femmes qu’il va honorer. En cela, il interroge l’humain et son rapport à l’autre, au désir, au sexe.
Illustrateur, réalisateur, éditeur, membre du comité de rédaction de la nouvelle mouture de Métal Hurlant, auteur d’une adaptation (Sukkwan Island), de deux BD remarquées (Paiement accepté et Préférence système) chez Denoël Graphic et d’une autre plus confidentielle (Premium +) publiée aux éditions Réalistes (dont il est le cofondateur), Ugo Bienvenu n’a beau avoir que 33 ans, son parcours est déjà sacrément impressionnant. Le Grand Prix de la Critique ACBD 2020 en poche, il se lâche et sort sa première BD érotique !
Enfin, pas n’importe laquelle, puisqu’il publie dans la toujours très pertinente et décalée collection BD CUL des Requins Marteaux, et y signe certainement l’un des opus les plus réjouissants. Tout d’abord parce qu’il respecte scrupuleusement la charte de l’exercice, mais aussi parce qu’il s’approprie le petit format avec aisance, garde une cohérence forte avec ses précédents travaux et arrive à lier intelligemment réflexions profondes et pénétrations multiples (ou inversement).
Derrière sa couverture qui brille de mille feux, B.O, comme un dieu et sa mise en couleur pop warholienne est visuellement frappant. Sa narration principalement interne se construit sur un découpage simple et rythmé. Dans ce véritable récit de science-fiction couplé à un roman porno, Ugo Bienvenu travaille la dichotomie entre le retrait de B.O. et l’attachement qu’il provoque, entre ses réflexions et les images sans tabou qui nous sont données à voir. Talentueusement jouissif.
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