Babyface
Sous son bonnet et sa doudoune, Nejma se construit au jour le jour une carapace. Traitée dans la cour de grosse, de moche, de pauvre, elle joue les dures avec son regard sévère et sa manière, un peu brutale, de réagir. Une façon de se protéger qui est souvent mal comprise des adultes. Car elle est seule, Nejma, élevée par une mère célibataire qui part tôt et rentre tard du travail. Heureusement, il y a son voisin et camarade de classe Freddy, et quelques âmes charitables dans cette banlieue anonyme. Et puis, il y a ce club de catch qui se monte dans le quartier… Tous les gamins s’y préparent, et lors d’un petit combat qui dégénère, un garçon est envoyé à l’hôpital en danger de mort. Et c’est Nejma qui fait figure de bouc émissaire.
Pour adapter le roman Babyfaces de Marie Desplechin, Olivier Balez (Beauté noire, Robert Moses, J’aurai ta peau Dominique A…) opte pour un format réduit, un nombre de cases limité et un texte sobre. S’appuyant sur la voix-off de Freddy, simple et émouvante dans sa manière de décrire la vie dans cette cité en bord de nationale, ni déprimante ni rayonnante, il compose à la fois un tendre portrait d’une enfance pas facile, et une histoire positive mais pas mielleuse à destination des jeunes lecteurs, soutenue par un dessin chaleureux. Harcelée et isolée, Nejma trouvera en elle – et au contact du doux Freddy et de l’avisé vigile de supermarché Isidore – les ressources pour surmonter les obstacles, dont le plus grand réside certainement dans les multiples formes d’exclusion dont elle est victime. Nejma va se révéler ni grosse, ni maladroite, ni pas à sa place : mais puissante, droite et fière. Un joli one-shot tout public à mettre entre toutes les mains.
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