Babylone ***
Par Danijel Zezelj, Mosquito, 16€, le 7 juin 2013.
Lev Bezdomni est un célèbre constructeur de carrousels. Il habite à Brooklyn, quartier de New York où les tags et la musique font vivre les murs et vibrer les cœurs, et en arpente chaque coin de rue avec son mystérieux enfant. Un jour, le maire de New York convoque Lev. Il a un grand projet : la modernité, l’avenir et, surtout, l’immensité. Une tour gigantesque, la plus haute du monde, s’élèvera bientôt dans la ville, un projet architectural fou qui portera en son sommet un carrousel artisanal. Lev n’est pas aussi enthousiaste que le maire aux dents longues mais se met au travail, sous le regard suspicieux de son enfant, jusqu’à ce qu’il se rende compte que c’est Brooklyn toute entière qui sera détruite pour les ambitions d’un homme.
Danijel Zezlj, comme souvent dans ses ouvrages chez Mosquito, c’est avant tout un trait magistral. Et ce grand récit muet ne déroge pas à la règle : des noirs profonds, des striures lancinantes, des architectures majestueuses… L’étonnant dessin, aux confluences de l’expressionnisme allemand et de l’aérographe des rues, porte implacablement cette fable moderne aux constructions complexes et éloquentes. Sans parole mais pas dénué de sens, Babylone nous livre une puissante leçon de résistance et de révolte, rappelant que la lutte est toujours possible à celui qui se laisse le choix. Face à une folie des grandeurs déshumanisante, un artisan et son enfant n’ont pas oublié qu’ils étaient des hommes qui rêvent, quitte à laisser Babylone s’effondrer et à construire un autre monde.
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