Balzac et la petite tailleuse chinoise
Nu comme un vers dans l’enfer d’une mine. C’est sur ces images marquantes que Freddy Nadolny Poustochkine ouvre sa bande dessinée adaptée du best-seller de Dai Sijie. Il y dépeint, sur des dizaines de planches, le corps et les pensées d’un adolescent condamné à trois ans de « rééducation » dans un village de montagne de la République Populaire de Chine. Luo évolue ainsi entre un surveillant sadique, un camarade d’infortune, une mystérieuse valise pleine de livres occidentaux interdits et le fantasme de la fille du tailleur.
Dans cet album imposant de plus de 300 pages, pas de cases rigides. Chaque planche est composée librement de peintures et de textes manuscrits ; tantôt le dessin à l’encre est extrêmement précis, tantôt l’intensité du lavis seule suffit à incarner un personnage. Ce travail sur la lumière crée de superbes décors et sublime les corps. Pourtant, quelque chose peut laisser un peu en dehors du dessin. Peut-être la grande part laissée au blanc qui donne parfois l’impression que les images cherchent leur place dans la page. Peut-être aussi parce que le texte est fondamentalement en concurrence avec le dessin.
C’est la première pensée que l’on a quand on fini la bande dessinée : « comment cette histoire est-elle racontée dans le texte d’origine? » La littérature, qui est un des personnages à part entière, se déploie-elle plus largement dans le roman que dans la bande dessinée ? Il faudra retourner au livre de Dai Sijie pour le savoir.
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