Par Loïc Godart et Jean-Christophe Deveney. Akileos, 14 €, le 17 juin 2010.

Ce nouveau one-shot au titre explosif ne trompe pas sur la marchandise. Le premier flingue apparaît dès la deuxième page, et la première bagnole détruite deux pages après. Et les duels à mort vont se succéder jusqu’au bout, dans une spirale funèbre à l’odeur de poudre. En même temps, quoi de plus normal ? Bang! raconte la fin d’un groupe de tueurs russes dissous il y a un quart de siècle : leur chef vient de suicider, c’est le signal pour eux de « partir en beauté », c’est-à-dire s’entre-tuer fièrement pour ne pas laisser le temps faire les ravages qu’un bon 9 mm accomplit en une seconde.

Le scénariste Jean-Christophe Deveney (Petit Renard, Hong Kong Spirit #1) et le dessinateur Loïc Godart (L’Anatomiste) s’en donnent à coeur joie dans cette longue course-poursuite de tueurs à la recherche les uns des autres, avec une seule idée en tête : buter avant d’être buté. Comme dans une sorte de Kill Bill version russe, les deux auteurs composent un monde désabusé, dans lequel il n’y a plus que le sens de l’honneur et la vodka qui font tenir debout les hommes. Ou peut-être l’amour… L’exercice de style est habilement maîtrisé : narration à plusieurs points de vue donnant un vrai rythme au récit; personnages solides (l’ersatz de Tank Girl est savoureuse); trait puissant et couleurs brune et kaki bien senties; dialogues sans gras; couverture superbe. Bang! est une vraie bonne surprise, un album léché qui vous met une claque sans pour autant vous prendre la tête. Et le pire, c’est qu’on en redemande.

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