Barakamon #1-2 ***
Par Satsuki Yoshino. Ki-oon, 7,65 €, T3 le 14 février 2013.
(3 tomes parus sur 6 – Série en cours au Japon)
« Ai-je du talent ? Suis-je vraiment doué ? Est-ce que j’ai quelque chose à dire à travers mes œuvres ? Me suis-je trompé ? Dois-je continuer ? » Nous nous sommes tous posés ces questions au moins une fois dans notre vie. Mais lorsque l’on est un artiste… on se la pose parfois tous les jours ! C’est le cas justement du jeune talent Seishû Handa, étoile montante de la calligraphie nippone, et s’astreignant à un apprentissage strict des grands classiques du genre. Et pourtant, une violente altercation l’oppose à l’un de ses maîtres au sujet de son génie… sans génie, justement ! Car Seishû est une bête à concours, un gagneur, s’adaptant à toutes les demandes, jusqu’à finalement entrer dans un moule trop parfait et sans personnalité. « Quel mal à vouloir gagner des concours ? Quel mal à suivre les grands classiques ? », se dit-il, tout en s’exilant sur une île paumée du Japon. Désormais paria de la profession, Seishû est déterminé à comprendre ce qu’on lui reproche. En effet, il ne fait qu’appliquer ce qu’on lui a appris, et à considérer l’uniformité non pas comme une tare, mais comme une continuité de la tradition. Et dans ce cas, doit-on innover dans la tradition ?
Pas facile pour un jeune blanc bec rebelle de se poser toutes ces questions, surtout que le coin qu’il a choisi est une véritable auberge espagnole de fortes personnalités : entre un prof de campagne papa gâteau, une gamine casse-cou maladivement curieuse, une ado à lunettes et nattes folle de mangas horrifiques, un village de pêcheurs ayant leur franc-parler, Seishû a de quoi faire ! Il comprendra petit à petit que ces gens sont avant tout « vrais », avec leurs défauts, leurs qualités… et leurs défauts qui font leurs qualités paradoxalement.
Il est inutile d’être soi-même un artiste pour suivre cette quête d’identité s’apparentant à un longue saga littéraire. Malgré un graphisme un peu trop raide (un comble pour un manga sur la fluidité du geste du pinceau) et une petite baisse de rythme dans le deuxième volume, ce manga s’apprécie comme un roman où chaque chapitre est une leçon de vie, et où chacun échange finalement sur l’autre, apprend à se connaître, se soutenir, se disputer… Bref, se fabriquer ses propres souvenirs, ses propres expériences, pour s’inventer, qui sait, SA propre tradition à perpétuer !
Kara
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