Comtesse hongroise dont l’histoire est l’objet de fantasmes érotiques et violents, Élisabeth Báthory garde de nos jours cette aura que bien des historiens invalident sans détour. En retraçant le parcours de cette femme de sa jeunesse à son procès en évitant toute mise en scène des accusions qu’on lui porte, Anne-Perrine Couët entend bien remettre à plat la réalité historique. Et si la « comtesse sanglante » n’était finalement pas celle qu’on a voulu nous montrer des années durant ?

Pour une toute première bande dessinée, Anne-Perrine Couët dévoile davantage son talent graphique que de conteuse. Sa bande dessinée est très carrée, peut-être trop. Sa narration aurait gagné à être plus engageante, plus osée. Si son scénario est intéressant et que la démystification de l’histoire de la comtesse Báthory est bien menée, la mise en contexte permettant de bien saisir les enjeux de cette BD aurait mérité d’être plus longue. De la même manière, le texte final aurait mérité une place en préface pour permettre à tout un chacun de partir sur des bases communes.

Par contre, son dessin est d’une maturité frappante. L’autrice dévoile tout un tas de qualités et possibilités. Son graphisme se rapproche à la fois de celui de Bertrand Gatignol (pour son chara design), de Régis Penet (pour ses ambiances) et de David Prudhomme (pour ses crayonnés vivants). Ses compositions de planches montrent une réelle et judicieuse volonté d’exploitation du médium. C’est sans aucun doute tous ses aspects graphiques, ses ambiances et son utilisation sobre des possibilités de la bande dessinée qui lui permettent de tirer son épingle du jeu. Justement, le scénario de sa prochaine BD pour les éditions Steinkis sera signé par Ingrid Chabbert : aucun doute que cela lui servira à peaufiner sa mise en scène et sa narration. Une belle promesse.