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Batman : Curse of the White Knight

22 décembre 2020 |
SERIE
Batman : Curse of the White Knight
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
EDITEUR(S)
COLLECTION
PRIX
22.50 €
DATE DE SORTIE
02/10/2020
EAN
B08BDDP33H
Achat :

Il y a deux ans, Sean Murphy nous avait estomaqués avec son White Knight, relecture originale et maîtrisée de bout en bout du mythe Batman. On y découvrait une Gotham City sous le charme d’un Joker guéri de sa folie, au point de l’élire maire sous sa véritable identité, Jack Napier. Le Chevalier Noir s’y retrouvait isolé, renié jusque dans sa propre famille par ses alliés de toujours. Un game changer pris au pied de la lettre par Murphy pour bouleverser radicalement les canons DC dans une épopée de haute volée. Curse of the White Knight en prend la suite directe et poursuit cette passionnante entreprise de révisionnisme de la continuité traditionnelle du Batverse.

curse-of-the-white-kight-imageÀ nouveau dans le viseur de Murphy : l’arbre généalogique des Wayne, aux branches décidément plus tortueuses que ce que l’on nous avait laissé penser jusqu’ici. Après avoir apporté un bémol aux figures sacralisées des parents de Bruce, Martha et Thomas, coupables d’avoir un peu négligé certains quartiers de Gotham, Curse remonte plus haut dans la lignée à la faveur du retour aux affaires du Joker. Ayant repris le dessus sur Napier, le voilà en possession d’informations brûlantes sur son adversaire préféré via une page secrète de l’histoire de la ville impliquant Edmond Wayne, ancêtre direct de Bruce.

Sans entrer dans les détails, disons que les révélations seront un tout petit peu décevantes et font de ce Curse une suite en-deçà de sa matrice. La faute sans doute à un personnage de méchant secondaire un peu faible, recruté par le Joker pour une croisade bien compliquée contre Batman. En vrai, un prétexte pour permettre à Murphy d’assouvir un pur kif : mettre en scène un proto-Bruce en proto-Batman le temps de flashbacks dans la proto-Gotham de 1685 en mode cape et épée. Retour aux sources logique pour le personnage ramené à son modèle de toujours, Zorro.

Mais attention, le projet de Murphy est de marquer de son Z à lui la mythologie batmanienne, lui imprimer sa marque en se la réappropriant. On émettra quelques réserves sur sa manière de le faire en révisant à sa sauce de manière un peu forcée quelques figures de la rogue gallery et en pastichant quelques-uns des épisodes les plus fameux de l’histoire du personnage. On croit reconnaître une scène iconique de Knightfall que Murphy la détourne d’un twist grandiloquent pour nous rappeler que c’est de SON Batman qu’il s’agit et qu’il peut bien faire ce qu’il veut.

C’est sûr, il ne s’interdit rien, et même pas de sacrifier dans le sang certaines figures incontournables de la franchise. Sortez les mouchoirs. Celle qui ne l’est heureusement pas, sacrifiée, c’est Harley Quinn. Le scénariste continue de lui dédier une fascinante étude de caractère. Meilleure alliée de Bruce sur ce coup, loin devant des Nightwing et Batgirl encore très méfiants à l’égard de leur mentor, c’est Harley qui est la clé du possible retour à la raison de Napier. Son arc à elle restera comme l’une des plus grandes réussites de Murphy sur ce run et peut-être sa contribution la plus durable – l’histoire le dira – à l’univers de Batman.

Moins virtuose mais aussi moins expéditive que le tome précédent, cette suite crépusculaire confirme en tous les cas la qualité de cette saga au long cours dont on soulignera une fois de plus la maestria graphique. Et ce n’est pas fini, Murphy travaille à une nouvelle suite, teasée dans la dernière planche et même, à des one-shots Nightwing et Batgirl inscrits dans cette continuité. On n’en a pas terminé avec la geste du Chevalier Blanc et ne comptez pas sur nous pour nous en plaindre.

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