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Batman Damned

18 novembre 2019 |
SERIE
Batman Damned
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
EDITEUR(S)
COLLECTION
PRIX
15.50 €
DATE DE SORTIE
25/10/2019
EAN
B07SWQ29NZ
Achat :

En 2008, Brian Azzarello et Lee Bermejo proposaient avec Joker un récit complet magistral, sans doute l’une des approches du souriant vilain les plus importantes. Outre le portrait saisissant du personnage qu’elle proposait, cette œuvre avait aussi la spécificité de jouer avec habileté de l’absence de Batman, teasant tout du long son apparition pour ne le laisser apparaître que dans les ultimes pages. Plus de 10 ans après, le duo remet le couvert en donnant une suite à cette histoire, mais une suite à leur manière.

azzarello-bermejo-batman-image Car si les événements de ce Damned se déroulent dans les minutes qui suivent l’affrontement final sur un pont de l’opus précédent, difficile d’imaginer BD plus différente. Déjà parce que cette fois, c’est le Joker qui est quasi-absent (et il a une bonne excuse pour cela). Ensuite, parce qu’à l’univers réaliste de Joker faisant la part belle au crime organisé et à la célèbre rogue gallery de Gotham, Damned oppose une atmosphère surnaturelle convoquant les figures les plus exotiques du catalogue DC. À commencer par John Constantine, qui fait office de narrateur et va guider Batman dans une aventure particulièrement baroque. Batman est sous le choc après son affrontement avec le Joker et se retrouve littéralement hanté par des démons. Pour les exorciser, le Chevalier Noir va faire appel, sur les conseils acerbes du Magicien anglais, à Deadman, Swamp Thing ou encore Zatanna. Autant d’occasions pour Azzarello et Bermejo de livrer leur propre interprétation de chacune de ces figures du DC Dark à l’image d’Etrigan alias Jason Blood, ici réimaginé en une star de hip-hop underground. Amusant, même si c’est Constantine, dont Azzarello est un grand connaisseur, qui s’en sort le mieux dans un rôle d’improbable et génial sidekick à Batman.

Surprenant sur le fond, Damned déstabilise aussi par sa forme. Pour accentuer l’état second dans lequel Bruce Wayne traverse ce cauchemar, les auteurs sautent d’une scène à l’autre sans prévenir. On est parfois aussi perdu que Batman d’autant qu’il vaut mieux, pour profiter pleinement du spectacle et apprécier chaque caméo à sa juste valeur, être un tout petit peu versé dans les arcanes de la Justice League Dark. Damned est au final un album étrange, entre deux mondes, celui de la BD mainstream et une forme de storytelling plus abstrait qui semble chercher constamment à faire tout sauf du Batman. La raison en est sans doute éditoriale, le projet tout entier étant entaché par les décisions discutables prises par DC Comics.

azzarello-bermejo-batman-image2Tout commence avec l’envie exprimée au départ par l’éditeur d’inscrire cette histoire dans une énième nouvelle collection adulte, le Black Label. Ambition bien jolie sur le papier mais très très vite remisée au placard à l’épreuve de la réalité : le premier des trois épisodes de Damned fut en effet au cœur d’un scandale retentissant. Dans une scène pourtant bien innocente, on apercevait, non, on devinait, le sexe, ou plutôt les contours, du sexe de Bruce Wayne. Damned ! Face aux cris d’orfraie suscités par la représentation du Batdick, DC opéra une reculade grotesque, désavouant totalement ses auteurs en évoquant une erreur de colorimétrie à l’impression. Minable. Tous les tirages suivants sont depuis censurés et la version française proposée par Urban n’y échappe pas. Un rebondissement qui a manifestement enterré toute velléité chez Azzarello et Bermejo de maintenir des liens avec leur éditeur. Désormais les deux hommes rêvent de revenir au creator-owned et jurent qu’on ne les y reprendra plus (lire notre interview). Difficile de juger ce qui dans ce Damned avait été écrit avant que le scandale n’éclate, la publication ayant été par la suite assez chaotique avec de nombreux retards et révisions en cours de route, mais il porte en lui, peut-être de manière prémonitoire, quasi-mystique, les stigmates de cette rupture à venir. Dommage car Lee Bermejo, qui pour l’occasion avait fait le pari totalement réussi de réaliser lui-même la colorisation de ses planches, y apparaît au sommet de son art. Mais ce Batman Damned était sans doute maudit depuis le début.

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