Qu’elles sont belles les couvertures signées Evan Cagle pour Batman Nocturne. Mais pas sûr qu’elles rendent tant que cela service à cette série qui marque la prise en main du personnage par le scénariste Ram V (Toutes les morts de Laila Starr), ici accompagné au dessin par Rafael Albuquerque (American Vampire). Pas que ce dernier démérite, loin de là. L’artiste livre au contraire de belles séquences et s’y connaît pour donner à Gotham une atmosphère très inquiétante. On aurait simplement aimé que cette histoire de dynastie exotique type transylvanienne — les Orgham, venue faire valoir ses titres de propriété ancestraux sur l’asile d’Arkham – verse plus ouvertement dans le baroque promis par les covers et par une structure en actes empruntée aux livrets d’opéra.

À la place, Ram V nous ressert une énième réécriture en mode machination de l’histoire de Gotham City mais en moins bien, par exemple, que Sean Murphy dans Curse of the White Knight ou surtout que Scott Snyder dans La Cour des Hiboux qui fait un peu référence en la matière. Les Orgham et leur prince héritier aux tendances lycanthropes ne passionnent jamais vraiment avec leur attitude mystérieuse pour être mystérieuse.

On notera néanmoins un chouette épilogue au tome 1 qui se déroule en 1776 dans la colonie de Gathome, et rejoue en mode Guerre d’indépendance américaine la mythologie batmanienne, comme en son temps Marvel 1062 l’avait fait avec les Avengers et les Fantastic Four.