Batman – The Knight
Raconter Batman avant Batman est un exercice toujours un peu risqué. Sans batcostume, sans batmobile, sans batcave, la fête est moins folle, on ne va pas se mentir. Dans The Knight, le scénariste Chip Zdarsky s’y essaye pourtant et c’était même son premier contact avec le personnage avant de prendre en main la série régulière. Il y raconte les années de formation d’un Bruce Wayne n’ayant pas encore accouché de son alter ego encapé. Impossible de ne pas penser au premier volet de la trilogie ciné signée Christopher Nolan, et ce gros récit complet partage fatalement avec Batman Begins des éléments de la biographie officielle du personnage.
Zdarsky parvient néanmoins à imposer sa patte sur cette histoire en l’imaginant comme un roman d’apprentissage bâti à la manière d’une collection d’expériences formatrices. Et ce qui forme la jeunesse, ce sont les voyages. Le jeune Bruce dans sa quête pour devenir le meilleur (détective, acrobate, combattant, etc.) ira donc faire son apprentissage auprès de mentors dispersés aux quatre coins de la planète : on sautera des toits parisiens arpentés aux côtés d’une gentlewoman cambrioleuse à la grâce féline (mais non, il ne s’agit pas de qui vous savez) aux pentes d’une montagne coréenne pour y apprendre les arts martiaux, en passant par les bas fonds de New York pour se confronter au surnaturel et à la magie auprès de Zatanna et de son paternel.
Tout cela serait certes dépaysant mais un peu léger, si le scénariste n’avait pas imaginé un fil rouge en la personne d’un compagnon de route de Bruce, un certain « Anton ». Un autre orphelin en quête d’excellence qui ne cessera de croiser sa route, mais moralement beaucoup plus ambigu que son homologue de Gotham City. Leur relation fait tout le sel de cette aventure, et permettra au futur Chevalier noir de se poser déjà des questions fondamentales sur les termes de sa croisade personnelle contre le crime.
Les 300 pages de cet album se parcourent avec plaisir, notamment grâce au travail solide et sans esbroufe du dessinateur Carmine Di Giandomenico. Si elles ne sont pas fondamentalement essentielles, elles apportent un éclairage intéressant sur une période finalement peu explorée de la biographie du personnage. Batman avant Batman, après tout pourquoi pas.
Publiez un commentaire