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Batman White Knight – Harley Quinn

6 décembre 2021 |
SERIE
Batman White Knight
ALBUM
Harley Quinn
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
EDITEUR(S)
COLLECTION
PRIX
18 €
DATE DE SORTIE
11/11/2021
EAN
B096TL8987
Achat :

Décidément, Sean Murphy a tout compris à Batman. Avec son cycle White Knight, le scénariste et dessinateur n’en finit pas de s’approprier sans la dénaturer la mythologie du Cape Crusader pour en livrer une vision à la fois ultra-personnelle et appelée à rester dans les mémoires. La preuve, une fois de plus, avec un nouvel épisode dans cet univers, consacré cette fois à Harley Quinn, qui prend directement la suite de l’opus précédent, Curse of the White Knight. À savoir, *attention spoiler si vous n’êtes pas à jour*, dans un Gotham City désormais débarrassé du Joker et également privé de Batman, Bruce Wayne purgeant une peine de prison.

harley-quinn-white-knight-imagÉlevant seule ses jumeaux nourrissons et ses deux hyènes adoptives, Harley s’est rangée des voitures. Jusqu’à ce qu’un inconnu se mette à décimer des vieilles stars du cinéma en laissant leur corps dans des mises en scène macabres en noir et blanc, en lui adressant des appels du pied. Renee Montoya, la chef de la police, lui demande de jouer les consultantes et de l’aider à faire le jour sur cette sombre affaire. Car ne l’oublions pas, avant Harley il y avait Harleen Quinzel, docteur de sa profession et la psychiatre la plus brillante de la ville. Celle à laquelle Bruce Wayne s’en est toujours remis sans hésitation, jamais disputée pour ce qui est de rentrer dans la tête des criminels les plus aguerris.

On retrouve là, l’ambition de Murphy, déjà exprimée dans les volumes précédents, de réhabiliter le personnage. Dotée au cinéma d’une nouvelle aura sous les traits de Margot Robbie, Harley Quinn a, en 30 ans d’existence, depuis sa création par Bruce Timm et Paul Dini, été un peu été ballotée d’une personnalité à l’autre par DC, selon les modes et les besoins. Murphy n’a pas l’outrecuidance de balayer cet héritage éditorial, encore moins de lui contester à elle ses traumas et mauvais choix en lui demandant de choisir entre la bouffonne et la grosse tête, l’amoureuse et la victime, la maman et la psychopathe, l’acolyte en costume arlequin jovial de la série animée 90’s ou la punk poseuse des films Suicide Squad. Au contraire, ce qu’il lui permet de réaliser, au gré de cette enquête qui sera pour elle l’occasion de réfléchir sur sa relation avec Jack Napier/le Joker, c’est qu’elle peut être toutes ces Harley à la fois. C’est même la condition sine qua none pour accomplir sa mue d’anti-héroïne à super-héroïne à part entière.

Il y a beaucoup de tact et de subtilité dans la manière qu’ont la plupart des visages familiers croisés par Harley de s’effacer pour lui laisser la place et le temps de s’épanouir. À commencer par Bruce Wayne/Batman. Et au-delà, Murphy lui-même qui, pour écrire cette aventure, a fait appel à une coscénariste, Katana Collins. Au dessin, aussi, l’auteur a pris du recul, cédant la place à un autre artiste, Matteo Scalera (Black Science), dont le trait plus rond et les couleurs plus chaudes mènent naturellement ce volume vers des tonalités plus légères que les deux précédents. C’est différent, mais toujours aussi brillant, rythmé, bourré d’idées et truffé d’hommages et de bat-clins d’oeil (à Bruce Timm ou au Joker de Jack Nicholson). La meilleure aventure de Harley Quinn que vous pourrez lire cette année, c’est acquis. Et, quand bien même vous l’y croiserez à peine, sans doute aussi la meilleure de Batman.

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