Grandir, c’est faire un pas dans le vide, se projeter dans l’inconnu, vers un monde terrifiant et en même temps si attirant. C’est cette grande aventure que s’apprête à vivre le rejeton de puissants dieux d’une lointaine planète, qui va faire son baptême du feu de héros sur la petite Terre. Plus précisément dans une ville en proie à de récurrentes attaques de monstres et gangrenée par une pègre fantastique. Là, il va croiser la route d’une autre jeune personne qui a, elle, grandi trop vite: la fille d’un justicier local, abattu par les vilains, et qui compte bien reprendre le flambeau de son papa. Il en faut du courage pour devenir un adulte!

Artiste rock et sentimental, et auteur de comics atypique, Paul Pope (Heavy Liquid, Batman: année 100, 100%…) se lance dans un récit trépidant et touchant, à destination d’un public plus large, plus adolescent en tout cas. Car les jeunes lecteurs pourront aisément s’identifier à ces héros contraints de quitter le giron familial pour voler de leurs propres ailes, luttant à corps perdu contre des créatures étonnantes et sans scrupules, armés qui de t-shirts magiques (et vraiment trop cool), qui de pistolets rétrofuturistes.

Graphiquement aussi, Paul Pope, s’il est toujours aussi doué pour peindre de jolies filles pleines de caractère et s’il ne délaisse pas sa tendance à tordre les bouches de ses personnages masculins volontairement plutôt laids, tente autre chose. En lorgnant vers la BD européenne et surtout le manga, il n’hésite pas à déployer de grandes cases au décor absent pour mieux se concentrer sur l’action – et la bagarre. Il en ressort un rythme cartoon très fun, mais aussi une petite frustration devant un premier tome à l’intrigue assez peu dense et aux séquences délayées. Mais ce menu défaut, qui sera à n’en pas douter balayé à la lecture de la suite, ne doit pas faire oublier que Battling Boy est un comics hors norme et réjouissant, au graphisme superbe et résolument original, et au scénario joliment universel.