Ils bullent en Corse
Il y a pire comme cadre pour un festival. Et les auteurs présents en sont bien conscients. Pour sa quatorzième édition, le festival BD à Bastia – qui avait lieu du 29 mars au 1er avril – pouvait s’enorgueillir d’une affiche d’enfer. Au centre culturel Una Volta (www.una-volta.org), organisateur de l’événement, on pouvait croiser Enki Bilal, Joann Sfar, Lewis Trondheim, David B., Pierre Christin, Fred Bernard, Louis Joos ou encore Etienne Davodeau. Et goûter à des expositions (Italia in Corsica, Paris-Roubaix en photos par Didier Lefèbvre, sur les illustrateurs Gaëtan Dorémus et Hélène Riff…), débats et projections, le tout gracieusement. Visite guidée partielle, en direct de l’Ile de Beauté.

Enki Bilal
C’est l’une des stars de cette édition, qui déambule avec des lunettes noires entre les planches accrochées au mur. Dans ce festival où nul auteur n’a un stand de dédicaces, Enki Bilal se fait parfois timidement aborder par un fan, et lui accorde alors bien volontiers un autographe. L’exposition qui lui est consacrée met en évidence la force de son graphisme. On admire ses toiles – Bleu Sang, son autoportrait ou la trombine de Zidane. Ainsi que des cases de Nikopol ou de la Tétralogie du monstre. Un moment magnétique.

Le Jour où…
Pour fêter les 20 ans de France Info, ils ont accepté de participer à l’album Le Jour où… 1987-2007 (Futuropolis). David B. a planché sur la fatwa lancée contre Salman Rushdie en 1989, Jacques Ferrandez sur le siège de Sarajevo en 1994 et Jean-Claude Denis sur la Coupe du monde de football en 1998. Leur œuvre – ainsi que celle de leurs collègues – fut exposée à Bastia. Bien présente au fil de la manifestation, France Info organisait même quelques débats entre auteurs.

Mission : imaginaires
Le F.I.L. (Fantasy Investigation Laboratory) « inventorie et dissèque des ouvrages de bandes dessinées afin d’établir des codes de lecture rationnels à l’usage de tous publics ». Un organisme bidon et bidonnant, qui convia le public à visiter « son antenne mobile d’analyse et de recherche ». Au programme, des résultats d’expérience scientifique Bdphiles ou une bibliothèque ancienne recrée…

Louis Joos
Pour découvrir ou redécouvrir un Belge fou de jazz, qui n’aime rien tant que rendre hommage aux musiciens anonymes. Louis Joos utilise un gros pinceau sur un papier Japon, et s’attache à transcrire des ambiances, des mouvements. « J’aime représenter les instruments qui brillent sous les projecteurs, les musiciens bien sapés vus des coulisses », précise ce pianiste amateur. D’un père professeur de musique, l’auteur a hérité le goût des notes. « Il a essayé de m’apprendre la musique classique, mais le solfège me paraissait trop compliqué. À l’adolescence, j’ai entendu du jazz de la Nouvelle-Orléans à la radio, ce fut un choc. J’ai alors trouvé d’autres façons de jouer, en renversant les accords. »
www.louisjoos.com
A lire et écouter : BD Jazz Bud Powell, Nocturne.