BD et jeu vidéo, le grand amour? Retour sur la PGW 2017
Les jeux vidéo puisent depuis longtemps dans les univers des bandes dessinées, comics et mangas pour alimenter leur imaginaire. Naruto, Batman ou Astérix sont devenus des héros vidéo-ludiques comme tant d’autres. Mais cette histoire d’amour entre BD et jeux se limite-t-elle à l’exploitation de juteuses licences? Petit tour d’horizon des tendances du moment, à l’occasion de la Paris Games Week, qui vient de se terminer.
Le cross média est à la mode, et ce depuis que la pop culture existe. Les comics ont connu très tôt des adaptations en séries animées ou live, et même nos plus grands héros à gros nez gaulois ont poursuivi leurs aventures au cinéma et ont été déclinés en produits dérivés depuis la seconde moitié du XXe siècle. Qu’en est-il d’un média plus jeune, à savoir : le jeu vidéo ? Si Astérix ou les Tuniques Bleues eu leurs avatars virtuels (entres autres), la tendance actuelle est plutôt portée vers le comics et le manga. C’est ce que l’on a pu constater au salon Paris Games Week, qui s’est tenu à la Porte de Versailles de Paris, du 1er au 5 novembre 2017.
Avec une fréquentation dépassant aisément les 300 000 visiteurs par édition, la PGW est sans doute l’un des plus grands salons vidéoludiques européens. Les stands aux proportions impressionnantes (près d’une dizaine de mètres de haut pour certains !) se disputent la vedette dans une débauche de bling bling visuel, technologique et événementiel – compétitions et avant-premières mondiales. En vedette se dresse ainsi fièrement le stand Namco-Bandaï avec ses licences phares telles que Naruto, One Piece, ou encore l’indétrônable Dragon Ball et ses suites réquisitionnant petit à petit toutes les lettres de l’alphabet. Des titres « jeunes » ou indémodables, qui savent se renouveler et s’adapter à un public changeant.
Longtemps aux États-Unis, les jeux à licences étaient synonymes de produits bâclés et oubliables. Il faudra attendre le miracle de la trilogie Batman Arkham pour que le public voit de nouveau d’un bon œil le jeu d’exploitation. En France par contre, c’est un peu le calme plat… Du moins dans le fond, mais pas dans la forme !
Un style accessible et attachant
En effet, depuis le renouveau du jeu 2D sur nos écrans full HD, ainsi que les moteurs graphiques 3D permettant de retranscrire fidèlement une patte illustrative de manière fidèle et personnalisée, le « style BD » s’impose de plus en plus dans l’ombre des grosses machines de guerre jeu vidéo. Pour en trouver, il faut curieusement se rendre dans la partie « junior » du salon. Un adjectif assez malvenu pour désigner, certes, une partie du salon destinée au jeune public, mais présentant surtout de nombreuses écoles officiant dans le domaine du jeu vidéo… Et aussi des start-up dynamiques et pleines d’idées, parfois constituées d’équipes dépassant à peine… deux personnes ! C’est le cas pour le jeu DragoDino, dont le style d’illustration avec couleurs en aplats et cerné noir fusionne avec l’aspect mignon et cartoon, au service d’un jeu de plateforme riche et enjoué.
Dead in Vinland reprend également à son avantage un graphisme BD très détaillé et mature pour un gameplay tactique s’annonçant aussi complexe que prenant. Pour les fans de personnages anthropomorphiques à la Blacksad, signalons également le joli Hacktag en jeu d’infiltration/espionnage !
Bref, le graphisme BD a encore de beaux jours devant lui, par sa patte stylistique accessible à de petites structures qui, si elles n’ont pas les moyens des blockbusters, ont des idées de série B inventives.
Le paradoxe français
Nous arrivons ainsi au paradoxe français des adaptations de bandes dessinées sur les écrans. Si les États-Unis parviennent à moderniser leurs héros de comics parfois vieux de plus d’un demi-siècle, la France continue de produire des adaptations de BD jeunesse… en leur conférant un look vintage, pour ne pas dire passéiste ! Histoire de toucher une tranche d’âge de quinquagénaires nostalgiques ? Et de laisser tomber une cible jeune, de toute façon acquise à la cause des super collants et autres midinettes à gros yeux ? Mystère…
Que reste-t-il à la BD française au final dans cette débauche de pixels? Eh bien, elle continue d’avoir quelques belles initiatives comme celle de se voir confier l’emblématique Batman aux bons soins de Marini, un dessinateur tout ce qu’il y a de plus Européen. Et ça marche plutôt pas mal.
Ainsi, si la bande dessinée n’inspire plus franchement le milieu vidéoludique par son fond (aussi bien par ses titres que par son catalogue), elle continue cependant d’influencer les univers d’une jeune génération de créateurs made in Europe !
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