Beastars #1-2
À l’institut de Cherryton toutes les espèces d’animaux semblent vivre en harmonie, les carnivores côtoyant les herbivores comme on n’aurait jamais pu l’envisager. Mais la découverte du cadavre de Tem, un alpaga, sème le doute sur l’équilibre fragile de ce monde aux apparences idylliques. La symbiose entre les prédateurs et les proies d’antan n’est-elle qu’une façade ou peut-elle perdurer à ce tragique événement ? L’instinct animal enfoui dans chacun d’eux reviendra-t-il au galop ? Ce qui est certain, c’est que cela va bouleverser le quotidien de cette zootopie.
Autrice de tout juste 25 ans, Paru Itagaki se prédestinait au cinéma, mais a préféré se tourner vers le manga pour pouvoir maîtriser de bout en bout ses créations. Après quelques courtes histoires animalières (regroupées depuis dans un one-shot intitulé Beast complex), la mangaka se lance dans sa première série : Beastars. Avec déjà 11 tomes au compteur, ce manga rencontre un succès critique sans précédent. Après avoir terminé 2e du classement Kono Manga ga Sugoi de 2017, il a remporté coup sur coup l’année d’après les Prix du jeune talent aux Prix Culturel Osamu Tezuka et Japan Media Arts Festival, le Prix Kôdansha du meilleur shônen et le Prix Manga Taishô…
L’autrice ne s’en cache pas, ce monde allégorique dans lequel la classe sociale est liée au fait d’être bien né ou non n’est en réalité que le reflet de notre société. Dans le petit théâtre de papier de Cherryton il est question de scène, de jeu, de sentiments, mais surtout de questionnement social, d’humanité, de relations à l’autre, de conflits, de différences, de compromis et d’enjeux de pouvoirs. Entre tranche de vie, drame et suspense, l’ensemble est subtilement servi par un storytelling au poil, un développement fin et une mise en page inspirée.
Avec son dessin faussement simple qui peut passer du mignon au terrifiant au détour d’une case, le bestiaire de Paru Itagaki a du cachet. La délicatesse et l’attention donnée aux détails rappellent Les dessins de la vie de Hirosuke Kizaki et Caribu Marley. Ils font passer les émotions grâce à un mélange de hachures et de formidables jeux d’ombres. Le très bon rendu des animaux et des décors élégamment exécutés vibre entre crayonné et sensibilité. On n’avait plus pris un tel plaisir à lire et admirer un récit d’animaux anthropomorphes depuis Blacksad !
© 2017 Paru Itagaki (AKITASHOTEN) – Traduction : Anne-Sophie Thévenon
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