Par Kerascoët et Hubert. Dupuis, 13,95 €, le 6 mai 2011.

La petite Morue ne s’appelle pas vraiment comme ça, mais son surnom lui colle à la peau. Maigrelette, avec une tête bizarre, un front immense, des cheveux filasses et des yeux vides, cette petite servante d’un village médiéval souffre quotidiennement des moqueries et humiliations de son entourage. Car dans ce monde, c’est la beauté qui fait la loi – enfin, qui fait que l’on épouse des rois. Alors, quand un jour une bonne fée propose à Morue d’exaucer l’un de ses voeux, elle n’hésite pas une seconde…

Le scénariste Hubert revisite ici les contes pour enfants, faits de princes charmants et de potions magiques. Il les détourne avec malice et un brin de cruauté, se servant des ressorts habituels de ceux-ci (le mariage impossible, la beauté comme idéal…) pour mieux les triturer et démontrer leur bêtise et leur incongruité. Il pousse assez loin les conséquences des choix des personnages, instillant une forme de réalisme caustique dans une histoire aux codes magiques et connus. Le dessin tout en finesse des Kerascoët, sublimement mis en couleurs par Hubert lui-même, reproduit graphiquement le ton décalé du scénario. Bien plus sombre qu’il pourrait paraître au premier abord, ce premier tome de Beauté est surprenant et intelligent, tour à tour magnifique et glaçant.

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