Beauté noire #1
L’affaire Dreyfus bat son plein en France, révélant un antisémitisme bien implanté, surtout dans les plus hautes sphères politiques et militaires. Ailleurs en Europe, en cette année 1898, ce n’est pas mieux. Heureusement, le groupe Prospero lutte contre les racistes, esclavagistes et autres complotistes anti-juifs. On croise au sein de cette mini-société de l’ombre, organisée comme des services secrets, des noirs, des juifs, des métisses, des marginaux, tous bien décidés à combattre à armes égales avec les tenants de la haine.
Voici un excellent début de feuilleton d’action sur toile de fond historique. Noël Simsolo (Docteur Radar, Sacha Guitry…) s’appuie en effet sur un contexte historique solide, pour imaginer moult péripéties autour de groupuscules secrets, entre espionnage et romans d’aventures. Car il a su retrouver un peu du souffle des romans-feuilletons du début du XXe siècle, à la fois flegmatiques dans les relations entre les personnages et terriblement noirs dans les rebondissements de l’intrigue. On apprend des choses en même temps qu’on rêve de faire partie de ce fantasmatique groupe Prospero qui rend la justice dans l’ombre, avec des masques. Parfait pour accrocher rapidement le lecteur, d’autant que le trait d’une élégance sans fioritures d’Olivier Balez (J’aurai ta peau Dominique A, L’Homme qui ne disait jamais non, Robert Moses, Le Chanteur sans nom…) colle bien à l’esprit de ce début de série, nerveux mais envoûtant, comme si une once de poésie était venue se poser sur un volume au fond bien sombre. Pari réussi, on succombe au charme de cette Beauté noire.
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