Beaux livres pour Noël (1)
Dernière ligne droite pour vos cadeaux de Noël : la rédaction de BoDoï, outre ses top 10 de l’année, se met en quatre pour vous dénicher la bonne idée, celle qui fera briller les yeux des petits et des grands devant le sapin.
Le Maxilivre hommage à Maurice Sendak
Si l’on vous dit, Maurice Sendak, vous pensez immédiatement à… Max et les Maximonstres. C’est en effet à cet auteur américain, décédé en 2012, que l’on doit ce monument de la littérature jeunesse. Publié en 1963, cet album terrorise depuis toutes ces années avec bonheur les générations d’enfants que leurs parents ont la bonne idée de leur mettre entre les mains au moment d’aller au lit. Mais le travail de Maurice Sendak ne se limite pas uniquement à cet album. Ce que l’on sait moins en France, c’est que pendant une soixantaine d’années, il a certes écrit et illustré un grand nombre de livres pour enfants, mais il a oeuvré également dans d’autres domaines aussi variés que la création de décors d’opéra ou encore la production d’affiches publicitaires. Dans cet imposant ouvrage de Justin G. Schiller et Dennis M. V. David, que les éditions Little Urban viennent de traduire en français, on retrouve et découvre, parfois pour la première fois, plus de 200 illustrations issues de cet univers foisonnant. Entre croquis, esquisses, dessins jamais publiés, on navigue dans les couloirs de cet imaginaire incroyable. On peut également y lire les textes d’une douzaine d’essayistes, historiens, bibliothécaires ou éditeurs qui partagent ici leur admiration et leur fascination pour cet auteur magistral, qui a révolutionné et marqué le monde de la littérature de jeunesse et de l’illustration comme personne avant lui.
Little Urban, 224 pages, 35 €. Traduction d’Agnès Desarthe.
Petites Histoires originales
François Deneyer, spécialiste de l’oeuvre de Jijé et organisateur d’expositions autour de la BD, sort en cette fin d’année un très beau livre au sujet étonnant : les collectionneurs d’originaux de bande dessinée. Après une entame historique et classique sur le 9e art, et sur l’intérêt intellectuel qu’il commença à susciter à partir des années 1960, il se concentre sur l’émergence des premiers collectionneurs de planches originales. Qui ont commencé à accumuler ces oeuvres d’art bien avant qu’elles soient considérées comme telles et qu’elles affolent les salles de ventes aux enchères. Puis il en interviewe plusieurs, et leurs anecdotes sont souvent croustillantes (quelques extraits ici). Comme celles de Jacques Topor, qui raconte comment Franquin lui a cédé gratuitement des planches de Spirou ou Gaston, ou Hergé un original d’Au pays de l’or noir. Cet imposant et élégant ouvrage est évidemment illustré de nombreux dessins et planches, des plus grandes signatures du franco-belge, de Tillieux à Hermann, de Macherot à Giraud. Un beau livre pour les puristes et spécialistes, et les collectionneurs en puissance.
Éditions Musée Jijé, 420 pages, 49,95 €.
Tomi Ungerer forever
Tomi Ungerer fête cette année ses 85 ans. Cet artiste, qui oeuvre dans le monde de l’illustration, du livre jeunesse, de l’image érotique, du dessin de presse, du graphisme et de la publicité depuis plus de 60 ans, a inspiré des générations entières de dessinateurs, accompagné des hordes d’enfants grâce à ses histoires, et fait réagir des foules entières par ses affiches engagées. Quatre-vingt-cinq printemps, ça se fête, et c’est donc assez naturellement qu’une centaine de créateurs se sont donné rendez-vous pour rendre un éclatant hommage au maître ! De cet ambitieux projet sont nés une exposition et cet ouvrage collectif particulièrement réussi. Grâce à la contribution de plusieurs spécialistes de la question, on apprend tout d’abord à apprivoiser l’oeuvre de ce personnage étonnant aux multiples facettes. L’on découvre ensuite avec bonheur la centaine de dessins hommages signés notamment Cestac, Rabaté, David B., Voutch, Mattotti, Baudoin, Julliard, Blake, Willem, Solé ou Margerin.
Les Arènes, 174 pages, 34,80 €, décembre 2016.
Dessins séquences
Richard McGuire est un artiste hors norme. Dessinateur accompli, musicien, graphiste pointilleux, animateur audacieux, il a obtenu le Fauve d’or lors du dernier Festival d’Angoulême pour son livre Ici. Son éditeur français, Gallimard, a sorti en novembre un nouvel opus de l’auteur, atypique et facétieux. Il s’agit du recueil des cabochons créés entre 2005 et 2015 pour le New Yorker. Ces petits dessins conçus en général pour terminer une colonne, boucher un trou dans la maquette, inviter à tourner une page. Mais dans le New Yorker, depuis plusieurs années déjà, ils sont confiés à un seul artiste pour chaque numéro, conférant à l’exercice une nouvelle ambition. Les cabochons de McGuire, nommés avec malice « dessins séquences », forment des ensembles graphiques étonnants, dans une ligne claire des plus limpides. Des familles d’objets (chapeaux, cages à oiseaux), des saynètes reproduites avec des accessoires du quotidien (potins dans une salle de bain, crise de jalousie entre fourchette et couteau, petits mélodrames de la mayo et du ketchup), des jeux de lignes et de formes. « C’est le Duchamp de cet art, écrit en préface l’écrivain spécialiste de New York Luc Sante : un conceptualiste au talent formidable, qui n’a aucune envie de s’en tenir à une routine, mais dont chaque nouvelle entreprise suffirait à occuper la vie entière d’êtres moins doués. » On ne peut pas lui donner tort à la vision de ce petit livre (format carte postale) de plus de 500 pages, qui fera un des cadeaux les plus précieux pour tous les amateurs de graphisme et d’audace dessinée.
Gallimard, 572 pages, 23,50 €.
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