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Beaux livres pour Noël 2021 #3

17 décembre 2021 |

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Dernière livraison d’idées de beaux livres à offrir ou se faire offrir à Noël (voir aussi nos précédentes sélections ici et ). Avec cette fois des livres plutôt réservées aux adultes…

Reiser, l’homme qui aimait les femmes

On ne lit jamais assez Reiser. Visionnaire, provocateur à bon escient, dessinateur génial, Reiser est mort d’un cancer à 42 ans, en 1983. Mais il avait eu le temps de produire des tonnes de dessins et de pages de BD d’une modernité folle quand il s’agissait de croquer la société contemporaine et les rapports humains. C’est ce que rappelle ce nouveau recueil de son travail pris sous l’angle du féminisme, en proposant des planches qui vilipendent le machisme ordinaire, les violences faites aux femmes, l’inégalité dans toutes les strates de la société patriarcale… Ça pique, ça brûle, ça fait mal, mais ça fait du bien. Car c’est juste et drôle. On ne lit jamais assez Reiser, alors offrez-en un peu à Noël !

Glénat, 240 p. 23 €.

Reiser – L’Homme qui aimait les femmes

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Laurent Durieux – L’art de l’affiche

Dessinateur talentueux, coloriste unique en son genre, affichiste de génie, l’artiste belge Laurent Durieux se livre au cours d’un long entretien dans ce numéro hors série des Arts dessinés qui lui est intégralement consacré. Dans cette interview-fleuve menée par Nicolas Tellop et découpée en 4 parties, l’illustrateur revient abondamment sur son passé, son métier d’affichiste, ses techniques de travail, ses compositions très réfléchies, son utilisation de la couleur, ses collaborations avec son frère ou d’autres artistes. En parallèle de cet entretien riche particulièrement éclairant, quelques invités de marque sont interrogés sur leur rapport à Laurent Durieux. Son frère Jack Durieux et David Merveille avec qui il partage son atelier, ou encore François Schuiten et Ever Meulen. Chacun apporte à sa manière une nouvelle lumière sur son travail. Parsemé de ses illustrations, affiches et de quelques esquisses, ce livre est aussi ravissant qu’instructif et donne envie de se perdre interminablement dans les nombreux détails de ses dessins numériques sur lesquels il travaille en moyenne un mois.

Les Arts dessinés, 132 p., 25 €.

Rémi I.

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Rites, rivières, montagnes et châteaux

« Je me suis promené sur des frontières. Entre un château et une forêt de crayons, j’ai trouvé des signes qui m’ont raconté des histoires. Ou qui à eux seuls étaient des histoires. » Ce sont les seuls mots de ce recueil signé Lorenzo Mattotti, et ils sont aussi cryptiques que les nombreux dessins qu’il dévoile. Le maître italien installé à Paris a en effet rempli ses carnets d’images tournant autour de figures et lignes récurrentes : des châteaux impossibles, un marcheur solitaire, des couples dans l’intimité de leur chambre, des femmes et des hommes dans des postures brutales… Comme pour se sortir du processus lourd et éreintant de la réalisation du film d’animation La Fameuse Invasion des ours en Sicile, l‘auteur a ouvert la boîte à crayons et pastels en même temps que la porte à ses obsessions visuelles et psychiques. Il en ressort un ouvrage difficile à percer, mais d’une puissance formelle impressionnante. Souvent troublant dans les figures dévoilées (des corps contraints, des cris de douleur, mais aussi des moments d’extase, des paysages à la fois funèbres et chatoyant), et intellectuellement passionnant dans la manière dont il dévoile comment un artiste peut tourner mille fois autour du même motif extirpé de son esprit. Et peut-être qu’un jour, ces « signes » feront des « histoires »

Par Lorenzo Mattotti. Actes Sud BD, 128 p., 27 €.

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Traits de famille #2

On vous avait déjà recommandé le premier tome de Traits de famille, mais on remet le couvert avec sa délicieuse suite, sous-titrée « le bestiaire fantastique d’un père et de ses fils ». Le principe est aussi fort que simple : l’illustrateur Thomas Romain s’inspire de dessins de personnages créés par ses deux fils pour en proposer une belle image, léchée et détaillée. D’une vague forme de robot humanoïde griffonnée au crayon avec naïveté mais beaucoup de conviction, va naître un superbe héros à armure bionique capable de miracles. Installé au Japon et oeuvrant pour l’industrie du dessin animé, Thomas Romain baigne donc dans la pop culture nipponne et son travail s’en ressent, tout comme les références visuelles et thématiques de ses deux garçons (chaque illustration est accompagnée du dessin d’enfant d’origine et d’une explication des intentions, et de l’interprétation faite par le papa). Mais au-delà d’un chouette recueil d’images éclatantes, cet ouvrage se pose comme un beau chant d’amour filial, une oeuvre à six mains inventive et pleine de tendresse entre un papa et ses deux rejetons qui marchent dans ses pas.

Par Itsuki, Ryunosuke et Thomas Romain. KuroPop, 120 p., 19,90 €.

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Métal Hurlant 1975-1987 : La Machine à rêver

2021 marquait le (nouveau) retour de la revue Métal Hurlant grâce à un premier numéro sous la houlette de Vincent Bernière. Magazine de bandes dessinées adultes mythique, créé en 1975, Métal Hurlant a marqué un grand nombre de lecteurs et influencé toute une génération d’artistes à travers le monde. Dans cet ouvrage, Gilles Poussin et Christian Marmonnier retracent cette aventure humaine et artistique en donnant la parole à tous ceux qui ont été impliqués dans la première mouture publiée entre 1975 et 1987. Auteurs, journalistes, libraires, éditeurs, maquettistes, coloristes, attachés de presse… la liste des métiers et des personnes à qui ils donnent la parole est considérable et offre un éclairage multiple fort intéressant sur ce laboratoire du 9e art. Scindé en deux parties complémentaires, cet ouvrage revient collégialement sur les différentes étapes clés du magazine. La seconde laisse les mots de côté pour revenir en images sur cette aventure à graphique incomparable.

Rémi I.

Par Christian Marmonnier et Gilles Poussin. Denoël Graphic, 304 p., 34,90 €.

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Les Cahiers japonais : Moga, Mobo, Monstres

L’Italien Igort fait partie de ces auteurs européens publiés dans les années 80 par l’éditeur japonais Kodansha, comme l’a été Edmond Baudoin (Le Voyage, Salade niçoise) ou Baru (L’Autoroute du soleil). Et il s’agit certainement de l’artiste qui a été le plus influencé et qui garde encore aujourd’hui le plus de révérence envers ce pays. Fasciné depuis lors par le Japon, il propose ici un 3e et dernier tour d’horizon de sa culture, de ses figures artistiques et de son histoire, en se centrant cette fois-ci principalement sur la culture underground. Au sommaire, une plongée subjective dans l’univers du kinbaku (ligotage japonais), de l’ero-guro nansensu (genre érotique grotesque), des estampes sanglantes, du pinku eiga (cinéma érotique japonais), avant de revenir sur sa fascination pour le travail de Suehiro Maruo (Tomino la maudite…), auteur phare du milieu indépendant japonais. Le trait d’Igort se mue au fil de ses rencontres artistiques et le voyage est dépaysant, passionné, merveilleux… Tout comme il donne sacrément envie de creuser encore plus loin ces découvertes.

Par Igort. Futuropolis, 176 p., 23 €. Traduction : Laurent Lombard

Rémi I.

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Les Trésors cachés de la bande dessinée érotique

Éminent spécialiste de la BD érotique, Bernard Joubert explique sa démarche et celle des éditions Revival pour cette nouvelle anthologie sur un genre moult fois célébré : l’idée n’était pas de proposer un énième florilège des grands maîtres du sexe en cases, mais de dénicher des planches méconnues ou oubliées car publiées uniquement en revue et jamais en album. Chose faite et bien faite, car si on retrouve quelques grands artistes tels Guido Crepax, Georges Pichard, Magnus, ou Eric von Götha, on en croise des biens moins célèbres, et surtout, on pénètre des univers rares et inédits. Ce qui fait de cette somme un ouvrage de référence pour les esthètes de l’érotisme dessinée, copieux par ses 50 histoires courtes compilées et passionnant par ses mises en contexte éditorial pointues.

Par Bernard Joubert. Revival, 320 p., 39 €.

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