Mangapolis : la ville japonaise contemporaine dans le manga est au départ une exposition (nous en avions parlé ici) créée par Xavier Guilbert (commissaire) et Ludovic Smagghe (scénographe). Son catalogue paru chez Le Lézard noir reprend non seulement les éléments présentés au public, mais en profite pour aller plus loin dans la découverte de ces espaces urbains.

L’exposition était construite autour de cinq axes, repris dans l’ouvrage au sein d’autant de chapitres : « Anatomie de la rue japonaise », « La ville comme personnage – six regards d’auteurs particuliers », « Topographie fantasmée », « Chaos urbain : scène de destruction », « Lueur d’orient ». Six chapitres supplémentaires viennent alimenter la réflexion, signés de Xavier Guilbert, Jessie Bi (son éternel acolyte du site du9), Claude Leblanc (ex-rédacteur en chef de Courrier International et Zoom Japon, à présent rédacteur en chef de Jeune Afrique), Adrian Favell (sociologue à Sciences Po Paris et auteur de A Short History of Japanese Contemporary Art 1990-2011) et Marie-Ange Brayer (historienne de l’art et directrice du Fonds régional d’art contemporain du Centre à Orléans).

Dans « Anatomie de la rue japonaise », vous vous plongerez dans la vie des grandes villes pour y parcourir leurs différents étages, boulevards et gares ferroviaires, tout en croisant de nombreux combinis (magasins de proximités ouverts 24 heures sur 24), distributeurs automatiques (généralement de boissons ou de cigarettes) ou installations électriques aussi douteuses que surprenantes. Vous partirez ensuite bras dessus bras dessous avec une sélection d’auteurs de talent (Kiriko Nananan, Shôhei Manabe, Tsutomu Takahashi, Hideki Arai et Harold Sakuishi) qui couchent leurs visions de la ville dans leurs œuvres. Vous ferez ensuite une petite visite des quartiers et des endroits clés de Tokyo, pour ensuite approfondir les « scènes de destruction » urbaines présentes dans de nombreux mangas. Vous finirez votre tour en milieu urbain avec la découverte de la présence concrète du manga en ville et par les perceptions des auteurs occidentaux telles qu’ils les ont retranscrites au gré de leurs ouvrages (Emmanuel Guibert avec Japonais, Lars Martinson avec Tônoharu, Florent Chavouet avec Manabé Shima et Tôkyô Sanpo, puis Frédéric Boilet pour la majorité de ses oeuvres).

Si les parties écrites par Xavier Guilbert et Claude Leblanc sont à la fois fluides, intéressantes et particulièrement riches en informations, on regrettera que celui de Jessie Bi soit si lourd, et que les autres – qui se penchent plus largement sur la ville, l’art et l’architecture – paraissent déconnectées de l’ossature générale… En tout cas, rempli de nombreuses photos, illustrations, planches et de cases de bandes dessinées, cet ouvrage est richement et judicieusement illustré. À la fois beau, sobre et parfaitement mis en page, ce livre nous offre un parcours citadin dépaysant et attrayant.

Pour rappel, après un passage à la Maison de l’architecture de Poitou-Charentes à Poitiers et à la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image d’Angoulême, l’exposition est encore visible pendant encore un mois à la Maison de l’architecture et de la ville de Lille. Si le catalogue vous a plu, si le sujet vous intéresse ou que vous avez envie d’en découvrir plus et en plus grand, n’hésitez pas à vous y rendre avant le 19 janvier 2013. Vous y trouverez notamment des planches de Mitsuru Adachi (Touch, Short Program…) qui n’ont malheureusement pas pu être reproduites dans cet ouvrage.

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Mangapolis : la ville japonaise contemporaine dans le manga
Collectif.
Le Lézard noir, 22 €, mai 2012.

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