Beaux livres pour Noël : René Goscinny croqué par ses pairs
Il fut « l’un des plus importants humoristes français de la seconde partie du XXe siècle » selon l’éditeur et auteur José-Louis Bocquet, qui présente René Goscinny, mille et un visages. Une somme principalement dessinée, qui rend hommage au scénariste d’Astérix ou du Petit Nicolas.
Le bel ouvrage (de près de 300 pages) réunit des centaines de portraits de l’artiste, réalisés par 93 de ses collègues. « Je réalise qu’il a été toute sa vie caricaturé (…), il était à la fois auteur et personnage de bandes dessinées », écrit sa fille Anne Goscinny. A travers ces représentations de Goscinny, c’est une carrière exceptionnelle qui se déroule.
Il y a d’abord les autoportraits malicieux d’un homme qui avait, selon ses propres mots, « le goût, l’obsession de faire rire ». Capable, à 12 ans, de recopier entièrement un album des Pieds Nickelés, et de décider dans la foulée de sa vocation. Après une enfance en Argentine, René Goscinny commence à travailler à New York. Il se lie avec un certain Harvey Kurtzman, futur créateur de Mad. Qui n’hésite pas à le représenter en « french lover », incarnation du chic avec fume-cigarette, costume élégant et fine moustache. En 1949, toujours sur le sol américain, Goscinny fréquente Jijé et Morris, « ce type complètement dingue, mais marrant ». Commence alors avec le second une collaboration qui durera vingt-deux ans, autour du cow-boy Lucky Luke. Installé en France, il rencontre Albert Uderzo en 1951. Ensemble, ils publient d’abord un manuel de savoir-vivre, puis Oumpah-Pah, Jehan Pistolet ou Astérix.
Les aventures professionnelles s’enchaînent : une histoire de Chick Bill que Tibet juge « trop loufoque » ; Le Petit Nicolas avec Sempé, qui vante la « candeur aristocratique » de son style ; le lancement de Pilote en 1959, qui révèlera Claire Bretécher, Cabu, Gotlib, Fred, Reiser ou Enki Bilal ; la création d’Iznogoud avec Jean Tabary, d’après une allusion dans Le Petit Nicolas — un moniteur de colonies de vacances raconte aux enfants l’ambition d’un vizir qui rêve d’être calife ; une émission de radio hebdomadaire (Le feu de camp du dimanche matin) sur Europe 1, en 1969, avec Gébé, Fred et Gotlib…
La pléiade de dessins présentés — soigneusement légendés — ressuscitent un personnage hors normes. François Ayroles couche sur le papier sa rencontre avec Morris, dans un bar américain. Morris, justement, l’imagine en prison pour ivresse et viol (!) — voir ci-contre. Uderzo le montre en homard, victime d’un coup de soleil cannois, ou bien tenu en laisse par son caniche. Le patron de Pilote est croqué par Jean Giraud, Morchoisne, Cabu ou Gotlib… Un véritable kaléidoscope, qui capte (ou donne l’illusion de capter) une personnalité éclectique, un génial inventeur d’histoires.
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René Goscinny – Mille et un visages
Présenté par José-Louis Bocquet.
IMAV éditions, 35€ (bénéfices reversés à l’Association pour la vie — Espoir contre le cancer), le 4 octobre 2012.
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Images © IMAV éditions / Goscinny / Morris.
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