Before Watchmen – Rorschach
C’est sans aucun doute un des personnages les plus fascinants de l’univers des Watchmen créé par Alan Moore. Walter le marginal, handicapé social aux yeux vides, devient une machine à rendre la justice une fois revêtus son masque et son imper. Expéditive, la justice. Car sous son masque sans orbite, changeant d’aspect d’une seconde à l’autre, Rorschach jette un regard acerbe et dégoûté sur une ville suintant le vice et l’injustice, une métropole décadente courant à sa perte. Arpentant le pavé aux côtés des prostituées et des dealers, Rorschach est le révélateur de la fin du monde à venir. Et il est aussi sacrément dérangé.
Basé sur cette insaisissable figure, inspirée par le journaliste La Question dans Spider-Man, ce volume de la série Before Watchmen déçoit franchement. Pourtant, le choix de Brian Azzarello (100 Bullets) de produire un polar à l’ambiance crasseuse façon Taxi Driver était intéressante, et permettait de dépeindre un univers nécrosé en punk et disco. Mais le scénariste passe trop de temps à faire enquêter son héros sur un réseau de trafiquants-proxénètes, au cours d’une intrigue finalement très banale. Et il ajoute un serial killer qui n’a franchement pas beaucoup d’intérêt. Dès lors, Rorschach semble lui échapper. Dommage, car les quelques éléments de voix-off empruntés à l’oeuvre originelle (c’est la voix de Rorschach qui ouvre Watchmen) fonctionnent parfaitement, et laissaient augurer un one-shot plus désaxé, plus malsain, plus psychotique… On s’ennuie donc un peu à la lecture de ces planches, le dessin réaliste de Lee Bermejo ne suffisant pas à doper l’intérêt – parfois même, ses choix de cadrages et sa surabondance de détails nuisent à la compréhension et à la crédibilité de certaines scènes. Une vraie déception, donc, qui fait douter une nouvelle fois de la pertinence du projet global.
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