Bengal, la soif du dessin
Après s’être fait remarquer en dessinant deux séries écrites par Jean David Morvan (Meka et Naja) le voilà qui se lance tout seul dans une saga de fantasy. Car, à 35 ans, Bengal a soif de produire plus. Pas nécessairement pour gagner plus, mais pour dessiner, dessiner, et dessiner. Ce jeune homme simple et boulimique de mangas a envie de progresser, et a des tonnes de choses à raconter. Seul aux commandes d’une nouvelle et trépidante série fantasy, Luminae, il se lâche dans le spectaculaire et le magique. Et ce n’est pas le lecteur qui va s’en plaindre. Rencontre avec un auteur avide de nouveauté et accro au crayon.
Après plusieurs collaborations avec Jean David Morvan, vous vous lancez seul dans une série. Pourquoi ?
J’aurais pu continuer avec un scénariste, et j’aime beaucoup travailler avec Jean David. Mais c’est quelqu’un de très occupé, et j’avais envie de produire plus. Nous avons un projet ensemble, que nous venons de présenter chez Ankama, mais, en attendant et pendant le temps que Jean David me laisserait de libre, je souhaitais travailler sur autre chose. C’est ainsi que je me suis lancé sur Luminae, un projet que je mûris depuis maintenant 4 ans.
Quelle était l’envie au départ de cette nouvelle série ?
Je voulais écrire des aventures à grand spectacle. J’avais dessiné de la SF avec Meka et un thriller contemporain avec Naja, je me suis donc dit que le genre fantasy pourrait coller avec mes envies. Et surtout me reposer de la documentation urbaine ! En effet, dans ce genre, je peux profiter d’un dessin plus libre, je ne suis pas contraint par des décors à tracer à la règle. Par ailleurs, c’est la première fois que je travaille à un projet ouvert et sans limite : une aventure par tome, avec une fin qui peut intervenir à n’importe quel moment.
Écrire votre propre scénario vous a-t-il posé des difficultés ?
Pas vraiment, mes idées sont venues naturellement. Et puis, travailler avec Jean David Morvan n’est pas contraignant, c’est un scénariste qui donne des informations, mais qui reste ouvert à toute proposition de mise en scène. Je suis donc passé d’un scénariste relativement malléable à… moi-même.
Quelle est votre méthode de travail ?
J’écris mes dialogues à part, mais je ne fais pas de crayonnés : je préfère faire des pages tout de suite, quitte à les jeter après. Je mets en scène directement en dessinant. Pour Luminae, j’ai travaillé avec des assistants pour les couleurs, ce qui m’a permis de gagner un temps fou et de dessiner vite. Je suis sur un rythme d’un tome en cinq mois. D’ailleurs, si on me proposait des volumes de 200 pages, ce serait génial ! Mais le prix de vente serait prohibitif…
Pourquoi avez-vous besoin d’autant de pages ?
J’ai besoin de place pour car je tiens à mes séquences d’action, avec peu de dialogues, et qui ne font donc pas avancer énormément l’histoire. En discutant avec Tot, le patron d’Ankama, nous avons rapidement convenu d’un format de 72 pages par tome pour Luminae, ce qui me laisse suffisamment de place pour raconter mon histoire avec de belles scènes spectaculaires.
Dans le premier tome, on est immédiatement plongé dans l’action, sans réelles pages d’exposition de l’univers et des personnages.
J’ai pris ce risque car je voulais trouver le meilleur moyen d’accrocher le lecteur. Ainsi, je mets immédiatement en difficulté l’une de mes héroïnes. Car j’ai envie de leur faire remonter la pente à toutes, qu’elles trouvent des solutions pour s’en sortir, un peu comme dans les jeux vidéo. Mais ne vous inquiétez pas, dans le prochain volume, on aura des explications.
On sent effectivement une influence des jeux vidéos ou même parfois des séries télé dans votre narration.
C’est ce côté « level up » qui m’intéresse dans les jeux vidéo, le fait de devoir récupérer des objets, de se rendre à certains endroits, afin de progresser et trouver les solutions pour passer au niveau supérieur. Et aussi le fait d’affronter des ennemis de plus en plus forts ! Je ne suis pas un gros joueur, mais quand j’aime un jeu, je le termine (Uncharted, Last Guardian…). En revanche, je lis énormément de mangas et regarde beaucoup de séries télé (Breaking Bad, Dexter, Curb your enthusiasm, Parks & Recreation…). En termes de volume, elles sont un peu au cinéma ce que les mangas sont à la BD européenne. Après, je ne sais pas si elles m’influencent consciemment. Ce qui est intéressant avec ce format, c’est que si on a envie de donner beaucoup d’informations, on a la place pour le faire. On peut aussi faire de multiples virages dans l’histoire, sans délaisser l’intrigue principale.
Vous travaillez au sein de l’atelier 510 TTC. Que vous apporte cette expérience ?
J’ai déménagé à Reims il y a 3 ans pour rejoindre cet atelier, car j’avais pris de mauvaise habitudes et de mauvaises conditions de travail à Paris. L’atelier incite à avoir une façon carrée de bosser, avec des horaires à peu près cadrés. Ainsi, je fais mon découpage le matin et je dessine l’après-midi. Le regard des autres est très important aussi.
Vous sentez-vous progresser d’album en album ?
J’essaie en tout cas ! Pour Luminae, j’ai appris à dessiner des chevaux ! Je me force aussi à choisir la difficulté, pour ne pas répéter des cases « toutes faites », des cadrages que je connais par coeur. Je me pousse à faire toujours des choses différentes, car je ne veux pas me moquer de mes lecteurs. Enfin, j’aimerais que mon dessin soit encore plus fort, pour proposer des projets en noir et blanc, et donc produire encore plus ! Mais aujourd’hui, mon trait a encore besoin de la couleur pour vivre.
Quel est votre parcours ?
À la fac, je me voyais bien devenir dessinateur, mais je n’avais pas la moindre idée du chemin à emprunter. En allant à une dédicace de l’atelier 510 TTC à la Défense, j’ai découvert qu’on pouvait travailler et créer à plusieurs et j’ai beaucoup aimé l’idée. J’ai montré quelques dessins, et Jean David Morvan m’a fait venir à l’atelier, situé à Reims, un ou deux jours par semaine pendant deux ans, pour que j’apprenne. Nous avons ensuite réalisé ensemble The Only One, qui est resté dans les tiroirs de chez Glénat pendant presque 5 ans… et qui n’aura jamais de suite. C’était sans doute trop tôt pour moi, je n’étais pas prêt. J’ai ensuite travaillé dans le design pour le jeu vidéo, avant de revenir à la BD pour de bon avec Meka, puis Naja.
Quels sont vos projets ?
Le tome 2 de Luminae est bien avancé (image ci-dessus) et je monte un autre projet avec Jean David. Et j’en ai un troisième dans les cartons, que j’aimerais présenter également, une sorte de western moderne…
Propos recueillis par Benjamin Roure
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Luminae #1.
Par Bengal.
Ankama, 14,90 €, le 8 septembre 2011.
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Salut à tous j’ai eu la chance de rencontré cet auteur génial qui fait des dessins vachement cool il est passer dans mon collège on à pu le rencontré il est vraiment sympa lisez ses BD je vous les conseilles.
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Salut à tous j’ai eu la chance de rencontré cet auteur génial qui fait des dessins vachement cool il est passer dans mon collège on à pu le rencontré il est vraiment sympa lisez ses BD je vous les conseilles.
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