Suite de l’inoubliable Alpha, Beta reprend donc l’histoire de la Terre avec la fin des dinosaures et le début du règne des mammifères. Et très vite l’apparition des ancêtres de l’homme. Ce Beta qui se concentre sur l’espèce dominante de la planète comptera d’ailleurs deux volumes, le champ étant tellement vaste et complexe, au regard de l’activité de la planète. La troisième partie, prévue donc bien plus tard, aura a priori une visée prospective…

L’Allemand Jens Harder poursuit donc son vertigineux travail visuel, collectant des milliers d’images de toutes sortes et créant des pont entre elles, pour mieux raconter l’histoire de l’homme, de l’homo erectus à l’homo sapiens, jusqu’aux premières civilisations antiques. Le texte est réduit au minimum, la chronologie des « événements » étant intelligemment reportée en fin de chapitre. Il faut donc se laisser porter par les images et leur enchaînement, car c’est là qu’on prend le mieux conscience de la beauté et de la complexité de l’homme, créature apprenante et communicante. Voir par exemple ces pages sur les mimiques et le rire, qui mêlent des dessins de singes aux postures étonnantes, des masques africains, des extraits de mangas ou de comics indé américains, du Gendarme à Saint-Tropez, ou de Diego Maradona… Le trait de Jens Harder est toujours puissant et précis, et des couleurs de fond or/argent/cuivre viennent le souligner à merveille, tout en insufflant un rythme à ces quelque 350 pages. Aux côtés de Beta, ce nouveau volume imposant prouve qu’on peut faire une bande dessinée qui soit documentaire et poétique à la fois. Mais peut-être faut-il être un peu fou, à l’image de cet auteur qui s’est lancé dans un projet qui durera au final plus de 20 ans… Chapeau !