Elle a de longs cheveux blonds, une silhouette longiligne et déteste qu’on lui pose des questions. Il porte des boucles rousses, un embonpoint ravissant et écrit des poèmes naïvement simples. Elle, c’est Violette, lui, Bidouille. Ils n’ont a priori rien en commun et pourtant ils vont tomber follement amoureux, comme on peut l’être à 16 ans, avec plein d’innocence, d’emportement et de maladresse.

Il fallait un romantique comme Bernard Hislaire pour raconter avec tant de justesse — et plein de touches d’humour — les émois d’un premier amour. Il faut dire aussi qu’il a 19 ans seulement quand il démarre Bidouille et Violette dans le Journal de Spirou. L’intégrale des quatre albums de la série nous montre plusieurs évolutions : celle de la fin des années 70, dessinées d’un trait aussi souple que du bubble gum, où le flower power fait déjà place à la crise et aux problèmes environnementaux. Celle d’un amour adolescent qui perd de sa légèreté et qui fait apparaître l’auteur de Sambre derrière celui de Bidouille & Violette. Celle des bandes dessinées autrefois écrites sous forme de feuilleton et de gags en une page pour devenir des albums pensés dans leur intégralité. Celle des très catholiques maisons d’édition belges, qui acceptent de publier dans un journal pour enfants une histoire d’amour, avec baisers et nu compris.

Tout ce contexte est joliment raconté par Thierry Bellefroid dans une postface pleine d’images d’archives touchantes et instructives. Une intégrale de très belle facture, qu’on relit avec un pincement au coeur — le même qu’on peut ressentir en retrouvant son journal intime.

Allison Reber

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Bidouille & Violette — Chronique mélancolique d’un premier amour
Par Bernard Hislaire.
Glénat, 38 €, le 27 novembre 2013.

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