Big Girls
Après une épidémie qui a laissé la planète exsangue (tout lien avec des événements réels serait purement fortuit) et enfanté de terribles mutations, l’humanité s’est réfugiée dans La Réserve, une ville assaillie par d’horribles créatures difformes, hautes comme des buildings. On se croirait dans L’Attaque des Titans. Sauf que pour se défendre, ici, les résistants n’ont pas érigé de murailles. Celles qui font barrage de leurs corps contre les envahisseurs, ce sont Ember et ses copines : des guerrières atteintes de gigantisme.
L’influence japonaise – et notamment l’hommage aux kaijus – est évidente dans cette saga démesurée signée Jason Howard (Trees), seul au dessin et au scénario, qui ne se prive pas de mettre en scène des combats dantesques au milieu des constructions. Mais c’est surtout du côté des classiques SF hollywoodiens de la fin des années 1950 que l’Américain est allé puiser l’inspiration (notamment graphique) pour mettre l’accent sur son héroïne aux dimensions hors normes comme dans L’Homme qui rétrécit, ou pour rester dans la même échelle, L’Attaque de la femme de 50 pieds, bien sûr.
Car plus qu’aux habitants de la Réserve réduits à l’état de fourmis impuissantes, c’est à Ember qu’Howard accorde tout son intérêt, creusant son passé et nous faisant partager les interrogations légitimes qu’elle commence à formuler à l’encontre de ceux qui les assaillent, ses sœurs d’armes et elle, et à l’encontre de ceux à qui elle est censée obéir. La première scène, brutale, pose à ce titre tout de suite les enjeux et Howard s’en sort remarquablement pour, en quelque 140 pages, poser et en même temps explorer avec un scope assez large, un énième univers post-apocalyptique sans trop verser dans les clichés.
Big Girls demeure une série B, à la patine classique mais surtout pas ringarde, servie par le crayon anguleux d’Howard et une mise en scène nerveuse à souhait. On signerait bien pour une suite. « Big Girls The End ? » se contente de conclure l’éditeur français 404 Comics en carton de fin. Gros suspense donc.
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