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Bill Willingham, « manipulateur émotionnel » assumé

25 février 2013 |

willingham_introDans le comics Fables, Blanche-Neige tombe amoureuse du grand méchant loup, le Prince Charmant se révèle être un insupportable bellâtre qui se met toutes les princesses à dos, et l’on découvre comment la Belle et la Bête gèrent leur couple au quotidien. Amusante, grinçante, passionnante, la série est dessinée par différents artistes, dont Mark Buckhingham, et scénarisée par l’Américain Bill Willingham. Rencontré à l’occasion du Festival d’Angoulême, ce dernier raconte sa façon de s’approprier cet univers féérique.

willingham_fables_loupComment l’idée de travailler sur les contes de fées vous est-elle venue ?
J’en lisais depuis l’enfance, j’aimais alors tout ce qui avait trait au folklore. Gamin, j’avais été marqué par des aventures de super-héros utilisant des personnages de contes de fées. Je me souviens d’un dessin animé [The Rocky and Bullwinkle Cartoon, comportant les Fractured Fairy Tales] qui rendait les protagonistes de contes complètement idiots ou différents : le Petit Chaperon rouge devenait une horrible personne, et le loup une victime. Et moi qui pensais que les règles existantes devaient absolument être suivies… Ce fut une révélation ! Je n’ai jamais oublié ce concept, que j’ai utilisé en 2002 pour Fables. Mais au début, je pensais que ce serait un échec. Malgré les bonnes critiques, je craignais que la série ne trouve pas son public.

Pour quelles raisons ?
J’ai toujours eu le syndrome de l’imposteur… Je peine à dire que je suis scénariste, je ne me fais pas confiance : je suis surpris que Fables marche aussi bien, et je m’attends chaque jour à ce que son nombre de lecteurs dégringole ! Et ce malgré trente années de carrière… J’ai le sentiment que les vrais écrivains doivent être des personnages plus importants et imposants que moi . C’est bien connu, ils vivent dans des maisons à la campagne, en fumant la pipe ! Et ce sont des choses que je ne fais pas…

willingham_fables_blanche

Comment avez-vous sélectionné les héros de Fables ?
Il me fallait utiliser les plus célèbres, pour que chacun s’y reconnaisse. Blanche-Neige a été une évidence : le grand amour de ma vie, que j’ai perdu, était une femme aux cheveux noirs et à la peau très blanche. Le grand méchant loup, lui, est mon favori. Il apparaît de plus dans deux histoires, celles du Petit Chaperon rouge et des trois petits cochons. Cela me permettait tout de suite de faire un crossover ! Et puis ce loup est extraordinaire, proche d’un super-héros : il peut faire voler une maison en éclats, rien qu’en soufflant dessus. willingham_fables_maisonQuant au Prince Charmant, pas moyen d’organiser sa rédemption. Il s’agit d’un homme à femmes, un séducteur incroyablement doué pour se marier, mais très mauvais pour rester en couple.

Quid de votre grand méchant, Gepetto ?
Il est arrivé à ce poste par accident. Au début, je voulais donner ce rôle à Peter Pan. Pour moi, Peter est un personnage effrayant, ambigu, qui trompe son monde. Enfant, j’avais été choqué par le dessin animé de Disney : ce garçon inquiétant, qui ne veut pas grandir, enlevait tout de même des enfants à leurs parents ! J’avais peur qu’il m’arrive la même chose et faisais des cauchemars. Malheureusement, je n’ai pu l’utiliser, car il n’est pas libre de droits – le Parlement britannique en a étendu la durée légale, car les royalties vont à une bonne oeuvre. J’ai donc dû trouver un autre méchant. En réfléchissant, Gepetto m’a paru être un parfait candidat : c’est un marionnettiste, habitué à manipuler son monde.

Comment imaginez-vous vos différentes lignes narratives, souvent compliquées ?
Je ne prends pas de notes concernant l’avancée du récit, et j’ai tendance à tout oublier, même les noms de mes collaborateurs, ou les factures à payer… Parfois, j’appelle le dessinateur pour savoir où nous en sommes avec les personnages, ou alors je dois relire plusieurs épisodes pour m’y retrouver. L’organisation mentale du scénario, voilà la plus grande difficulté ! J’écris tous les dialogues, à la manière d’un auteur de pièces de théâtre. J’aime que les conversations entre mes protagonistes soient fluides, naturelles. Même si elles sont nécessaires pour les dessinateurs pour faire avancer l’action, je déteste les didascalies.

De quelle façon avez-vous défini le ton de la série ?
Je voulais qu’il soit à la fois dramatique et humoristique. L’un appuie l’autre, et contribue à surprendre le lecteur. Mais être drôle est très compliqué, cela me demande des efforts. J’ai l’impression qu’il me faut séduire à nouveau mes lecteurs à chaque épisode, leur arracher des rires et des larmes. Je suis donc un “manipulateur émotionnel”, en quelque sorte !

willingham_fables_cochon

Avez-vous déjà décidé d’une fin pour Fables ?
Non, pas vraiment. J’ai envie de voir quel niveau de complexité je peux atteindre, c’est comme un challenge pour moi… Ma grande crainte, c’est de mourir au milieu d’une intrigue, et de laisser mon travail inachevé.

willingham_fables_allianceQue pensez-vous de la série télévisée Once upon a time, qui utilise un concept similaire à Fables ?
Le démarrage était un peu raté, mais ce n’est finalement pas mal du tout. Je ne me dis pas qu’on a volé mon idée, en tout cas : elle est dans l’air du temps, depuis longtemps. Déjà, juste avant de lancer Fables, j’ai failli tout arrêter en découvrant que le film Shrek se préparait. Mais mon éditeur m’a calmé. Il existe des tas de concepts un peu semblables, comme Château l’Attente de Linda Medley ou même, en extrapolant, La Ligue des gentlemen extraordinaires d’Alan Moore et Kevin O’Neill.

Que faites-vous lorsque vous ne travaillez pas ?
Je lis, ou je joue au poker… Mais la majeure partie de mon temps est consacrée aux festivals de bande dessinée et à l’écriture. Je suis souvent dérangé : je vis dans une maison au milieu des bois, dans le Minnesota, et mes voisins passent tout le temps me voir. Ils ont du mal à comprendre que je ne sois pas toujours disponible pour eux, alors que je suis chez moi toute la journée !

Quels sont vos projets ?
Je prépare un nouveau comics avec le dessinateur Barry Kitson, mais je ne peux vous en dire plus. J’ai aussi sur le feu un roman, autour du fils de la reine des fées : il travaille comme mercenaire et se retrouve embauché par la dame du lac, pour transformer l’épée Excalibur en arme moderne… Je cherche un éditeur !

Propos recueillis (et traduits de l’anglais) par Laurence Le Saux

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Fables t.17
Par Mark Buckingham et Bill Willingham.
Urban Comics, 17€, décembre 2012.

Voir le dossier sur la série sur le site de Urban Comics.

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Commentaires

  1. cris

    après les déclinaisons de contes au cinéma , puis celles qui envahissent les petis écrans ( one upon a time , grimm ) , voici celle en bande dessinées !
    que se passe-t-il au pays du rève américain ???
    laisserait-il place au rève européen ???
    c’est dans les vieux pots …

  2. cris

    après les déclinaisons de contes au cinéma , puis celles qui envahissent les petis écrans ( one upon a time , grimm ) , voici celle en bande dessinées !
    que se passe-t-il au pays du rève américain ???
    laisserait-il place au rève européen ???
    c’est dans les vieux pots …

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