Birthright #1
Arrivée à l’âge adulte, l’heroic fantasy ? Depuis le succès de Game of Thrones, c’est devenu une rengaine et une obsession dans l’édition, jamais rassasiée d’histoires toujours plus sombres et plus « réalistes ». Au point d’en oublier un peu que, depuis Le Seigneur des Anneaux, le genre est par essence le terreau des récits épiques dont la part de merveilleux n’a rien de honteux. C’est l’idée derrière Birthright, joli manifeste pour un réenchantement du genre, partant d’une excellente idée de scénario : lors d’une balade en forêt avec son père, le petit Mikey disparaît et son corps ne sera jamais retrouvé. Son père, soupçonné de l’avoir tué, sombre dans l’alcoolisme ; sa mère refait sa vie tant bien que mal ; le grand frère, Brennan, perd pied. Un an plus tard, néanmoins, toute la petite famille est convoquée par la police : un colosse buriné bardé d’une impressionnante épée a été arrêté et prétend être Mikey. L’homme répète toujours la même histoire : le jour de sa disparition, il pénétra dans un univers parallèle où orcs, magie et dragons font partie du décor et où le temps s’écoule différemment.
Mikey n’est pas de retour par hasard et a une quête à accomplir dans notre monde. Mais les auteurs Joshua Williamson et Andrei Bressan préfèrent, on les comprend, s’intéresser avant tout au conte initiatique qui a transformé le môme perdu en barbare invincible dans les contrées hostiles de Terrenos. D’où de riches flashbacks, prétexte à mettre en scène des affrontements somptueux contre des créatures titanesques. Bressan, dessinateur aussi inspiré dans son character design que pour glisser mille détails dans un plan large de cité imaginaire, sait ce qu’il doit à Frank Frazetta (Conan) et aux autres maîtres de l’imagerie médiévale-fantastique. Au détour d’une page, sous son beau trait rehaussé par un encrage appuyé, les personnages prennent volontiers la pose, regard de défi, biceps saillants et rapières démesurées en main.
Mais Birthright n’est pas un artbook et Williamson, qui de son côté a retenu les leçons de Tolkien, n’oublie pas de raconter une bonne histoire. Revenant aux racines de conte moral de la fantasy mais en regardant aussi pour la modernité du côté d’un Brian K. Vaughan, il soigne l’intrigue familiale un peu à la manière d’un Saga, autre série de chez Image Comics à laquelle on pense souvent en lisant Birthright. Une très bonne source d’inspiration.
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