Biscoto gonfle les muscles pour la rentrée !
Chez Bodoï, on aime beaucoup le travail du beau magazine Biscoto (la preuve ici ou là), tenu d’une main de fer par les sœurs Staebler. Une revue destinée aux enfants, lauréate du Fauve de la BD Alternative d’Angoulême 2017.
Ce mensuel, qui sort son 63e numéro pour la rentrée, revient dans une nouvelle formule. Tout n’est pas bouleversé, les habitués retrouveront le poème de page 2, l’histoire complète, le poster central, les jeux et bricolages, le strips des désormais habituels Juléjim, Georges-Henri Coin-Coin et autres Grabuge le chat bizarre… Mais sous le soleil, Biscoto a pris de la masse et passe de seize à vingt pages, toujours pour 4 €, sans pub et tout en couleur !
Et sinon, pourquoi soutenir Biscoto ? Au-delà d’un sommaire bien léché, c’est une revue qui sait parler aux enfants sans pour les prendre pour des imbéciles et a donc fait le choix de les confronter sans plus de problème à des styles graphiques comme à des sujets modernes et ancrés dans leurs temps.
On y retrouve donc toute une génération d’autrices (très présentes) et d’auteurs venus de collectifs remarquables et remarqués comme les Machines, Polystyrène, Bien monsieur, Arbitraire, Mars… Les habitués ont appris à connaître Éloïse Rey, Léo-Louis Honoré, Cléry Dubourg, Oriane Lassus, Charlotte Pollet, Isaac Wens, Benoît Preteseille, Alexandre Géraudie, Élodie Shaunta (alias Elosterv), Juliette Léveillée, Aurélien Cantou… Et ce ne sont là que les auteurs réguliers, chaque numéro ouvrant ses pages à des participations ponctuelles laissant toujours une belle place aux approches innovantes et à la recherche la plus large possible.
Cette ouverture se trouve aussi dans la diversité des rubriques, où l’on peut lire les devinettes et charades de Vincent Malone (le « Roi des papas ») ou une passionnante chronique de jeux vidéos alternatifs par Hervé Jolly. Mais surtout les numéros, construits thématiquement (pour ce numéro, le bus, souvent scolaire mais pas que !), dessinent une société réaliste : on y voit des filles pas sages, des familles monoparentales ou recomposées, des parents homosexuels et tout le monde n’est pas blanc. Pourtant, rien n’est brandi le poing levé, et ces aspects ne sont pas forcément soulignés, mais le journal veille particulièrement à ne pas reproduire les effacements et oublis de représentation que l’on croise un peu partout.
Exemplaire dans son affirmation inclusive, que ce soit en termes de féminisme ou d’antiracisme, le journal est aussi entièrement composé en caractères adaptés aux personnes -dys, assurant un accès maximum. Là encore ce n’est pas crié, en le lisant on ne le sait même pas, mais l’effort est fait et maintenu et se tenant loin de toute volonté ennuyeuse d’édification.
Un journal bousculant le monde parfois trop plan-plan de la littérature jeunesse pensée pour séduire les parents, construit avec bienveillance, originalité et talent : vous voudriez vraiment vous en priver ?
On trouve Biscoto en librairie et sur abonnement, 4 € le numéro, 40 € l’abonnement annuel sur https://biscotojournal.com ou via le catalogue 2018.
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