Black Jake **
Par Will Argunas. Casterman (KSTR), 16 €, le 14 janvier 2009.
Jake Brennan a tout d’une pourriture. Cocaïnomane, violent, raciste et mauvais père. Mais le vrai problème, c’est qu’il est flic. Et quand on avance vers le point de non-retour en fermant obstinément les yeux, on finit par le dépasser. Dans cet album au trait nerveux, on est immédiatement confronté à ce policier hirsute et désagréable, enquêtant sur l’agression d’une religieuse. On ne va d’ailleurs pas le lâcher d’une semelle, l’accompagnant bon gré mal gré dans sa descente aux enfers…
Will Argunas est un dessinateur sous influence. Il connaît ses classiques du cinéma américain policier, des années 70 à nos jours. Car son album est une décoction exemplaire de la fiction d’Outre-Atlantique, entre Steven Soderbergh, Martin Scorsese et Abel Ferrara. C’est d’ailleurs au Bad Lieutenant de ce dernier qu’on pense tout de suite, Argunas ayant donné le visage d’Harvey Keitel à son héros. Il dote également plusieurs personnages de visages d’acteurs hollywoodiens (Luis Guzman, Forest Whitaker…). Cette abondance de références au 7e art fait avancer l’histoire sur un sentier bien balisé, peut-être même un peu trop. Le récit manque ainsi un poil de surprise, mais cette balade anxiogène de Los Angeles à la frontière mexicaine est portée par un dessin vivant et bien documenté, ce qui fait de Black Jake un bon polar d’aujourd’hui.
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