Par Howard Chaykin. Delcourt, 14,95 €, le 24 mars 2010.

Brûlant. Sulfureux. Délicieusement barré. Voilà un polar noir hors norme, emportant dans un tourbillon narratif blondes sculpturales et sectes satanistes, flics véreux et mâles en rut. Au coeur de cette intrigue qui se dévoile aussi lentement que le plus langoureux des strip-tease, une bobine d’un mystérieux film convoité de toutes parts. Et surtout, deux créatures fatates à sa recherche, les quasi-jumelles Dagmar et Beverly, prêtes à tout (mais vraiment à tout !) pour arriver à leurs fins…

Comme il ne faut pas trop en dire pour réserver les incroyables surprises que révèle petit à petit le scénario, contentons-nous de ceci : Black Kiss est un chef d’oeuvre de polar érotique, un comic book dont le parfum vénéneux fait rapidement tourner la tête. Publiée en 1988, cette histoire regorge de dialogues crus, de scènes explicites et de séquences brutales, le tout dans une atmosphère de perversion débridée. Mais attention : on est ici dans une grande oeuvre graphique et narrative, et non dans un bête porno chic et choc. Une bande dessinée d’auteur qui brise les tabous du médium, pour composer une fresque à la fois drôle et glauque, à la frontière de plusieurs genres. Le dessin et la mise en scène de l’Américain Howard Chaykin – qui a notamment oeuvré sur StarWars – sont tantôt limpides, tantôt touffus : le lecteur qui n’a pas froid aux yeux se laissera alors manipulé sans rechigner – et avec un grand plaisir – vers un final d’un grand guignol absolu. Projet improbable et unique, Black Kiss vous donnera des frissons comme rarement une bande dessinée.

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