Black Lung
Des pirates têtes brûlées ou sanguinaires : Mose, Towart et Sweany. Un capitaine de navire, Brahm, dont le passé résonne avec une cruauté sans nom. Et Isaac, devenu captif sur un vieux rafiot peuplé de brutes épaisses. Lui, le professeur qui va justement devenir le scribe de Brahm et découvrir ainsi de quelle violence sont capables les hommes…
L’éditeur Cambourakis aime quitter les sentiers battus avec des livres exigeants. C’est le cas de Black Lung, histoire de loups de mer et de piraterie, mais loin des codes du genre. Plus que de grands faits d’armes, il est question d’une introspection nourrie par les blessures encore à vif d’une vie passée à lutter contre les ténèbres. Intéressant sur le papier même si le résultat, à la fois ambitieux et maladroit, peine à convaincre. La rigueur réside dans le soin apporté au texte, à la croisée des genres : littérature, théâtre, poésie ou philosophie, ressort efficace pour interroger les tréfonds de l’âme. Les défauts résident plutôt dans la trame narrative. Confuse et décousue au début, saisissante ensuite, elle multiplie personnages, situations et digressions, sans liens apparents. En clair, il faut s’accrocher. Plus encore avec ce graphisme étudié, faussement naïf et expressionniste, mais pas toujours lisible : proche de la gravure, à grands renforts de hachures, le trait primaire séduit ou déroute, toutes les expressions faciales se ressemblant peu ou prou.
Il faut donc accepter de ne pas tout saisir immédiatement et surtout, prendre au mot, comme une leçon de vie cathartique, le songe d’un capitaine écorché, blessé dans sa chair et son esprit. Un album difficile et complexe, parfois indigeste, mais riche des questions universelles qu’il pose sur l’essence humaine. Une réflexion sur le mal et la rédemption, aussi, qui fait cohabiter l’élégance calculée des mots et la violence crue des comportements. Mais, dans un contexte souvent pesant, c’est la déception qui l’emporte.
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