Black Project
Comme nombre de collégiens, Richard n’a qu’une obsession : se trouver une petite-amie. Mais lui préfère s’en fabriquer une, et avec tout ce qui lui passe sous la main : un ballon de foot à la place de la tête, des collants bourrés de chiffons pour remplacer les jambes, ou un rouleau de papier toilette en guise de vagin. Mais malgré ses efforts pour garder son projet secret, le sort semble s’acharner sur le jeune garçon, qui voit souvent ses efforts réduits à néant. Heureusement, Richard est déterminé, et rivalise d’ingéniosité pour améliorer ses créations et ses cachettes.
Il aura fallu quatre ans à l’artiste britannique Gareth Brookes pour boucler cet album qui fait figure de véritable ovni. Black Project est entièrement réalisé en broderies et en linogravures, et l’auteur pousse l’originalité jusqu’à penser la composition de chaque page comme un tableau, si bien que l’on se demande presque si ce que l’on tient dans les mains tient plus de l’objet d’art ou de la bande dessinée.
Pourtant, on a bien affaire à un récit construit, avec sa trame scénaristique et son protagoniste, Richard, pour qui l’on ne peut s’empêcher de se prendre d’affection, tant il est tenace et inventif. Pourtant, ce n’était pas gagné au vu du tabou qui entoure tout ce qui a trait au thème de l’éveil à la sexualité. Mais le sujet est traité de manière si décalée que le côté dérangeant est vite dépassé, et l’on se surprend à se prendre au jeu, à rire du comique des situations toujours plus grotesques, et à s’émouvoir des dialogues entre des poupées rafistolées aux allures de monstres de Frankenstein, et un garçon finalement très seul.
Malgré le titre et l’aspect général, voilà donc un album pas si noir qu’il en a l’air et qui plaira à ceux qui aiment sortir de leur zone de confort !
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